Je l'ai trouvé

Laurent Wauthier

Stéphane Wauthier, Pasteur de l'Assemblée de Dieu de Gap.

Cantique des cantiques chap. 1:1-4et  chap. 3:1-4.  Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! Car ton amour vaut mieux que le vin, Tes parfums ont une odeur suave ; Ton nom est un parfum qui se répand ; C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.   Entraîne-moi après toi ! Nous courrons ! Le roi m’introduit dans ses appartements… Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi ; Nous célébrerons ton amour plus que le vin. C’est avec raison que l’on t’aime.

Sur ma couche, pendant les nuits, J’ai cherché celui que mon cœur aime ; Je l’ai cherché et je ne l’ai pas trouvé…  Je me lèverai donc, et je ferai le tour de la ville, Dans les rues et sur les places ; Je chercherai celui que mon cœur aime… Je l’ai cherché et je ne l’ai pas trouvé.  Les gardes qui font le tour de la ville m’ont trouvée : Avez-vous vu celui que mon cœur aime ?   A peine les avais-je dépassés, Que j’ai trouvé celui que mon cœur aime ; Je l’ai saisi et ne le lâcherai plus, Jusqu’à ce que je l’aie introduit dans la maison de ma mère, Dans la chambre de celle qui m’a conçue

Apocalypse chap. 2: 2-5 Je connais tes œuvres, ton travail et ta persévérance. Je le sais, tu ne peux supporter les méchants, tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs.   Tu as de la persévérance, tu as souffert à cause de mon nom et tu ne t’es pas lassé. Mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour. Souviens-toi donc d’où tu es tombé, repens-toi et pratique tes premières œuvres, sinon je viendrai à toi et j’écarterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes.

« Je l’ai trouvé, je l’ai saisi et je ne l’ai point lâché »

Le livre des Cantiques nous parle de 2 ou 3 personnes, mais dans ce livre, il est surtout question de l’amour d’une femme et de son bien aimé avec une autre personne qui essaye de détourner la bien-aimée de son bien-aimé, comme s’il y avait une forme de convoitise, de tentation de faire rompre l’alliance scellée avec son bien aimé. Nous pouvons en faire un parallèle avec notre amour vis-à-vis de Dieu. L’Église est l’épouse de Christ. En attendant, nous sommes comme une fiancée promise à son bien aimé et tant que nous sommes sur terre, nous devons rester attachés à Lui notamment à travers cet amour qui nous unit à Lui car, malheureusement,  bien des choses pourraient nous éloigner de Lui.

Le parfum qui se dégage de celui qui aime ressemble à quelque chose d’inexplicable. Les parfums ont une odeur suave, c’est quelque chose qui ne s’explique pas, mais qui se respire seulement, qui se vit. C’est un parfum qui est doux, exquis, délicieux. Quand la personne est passée et que son parfum reste dans l’air, cela évoque en nous des sens. L’amour de Dieu qui a touché nos cœurs est un bon parfum qui réjouit notre âme et notre cœur quand nous nous en souvenons.

Abandonner, ce n'est pas perdre

La fiancée cherchait Celui que son cœur aime et elle ne le trouvait pas. Elle était embarrassée, jusqu’à ce que sa persévérance lui permette de le retrouver : sa patience a payé. Dans l’Apocalypse, il est question de ne pas abandonner notre premier amour, comme au jour où nous avons décidé de marcher avec Dieu. Nous sommes bouillants, nous nous engageons et voulons suivre et servir le Seigneur toute notre vie, puis les épreuves viennent, le temps passe,  et l’on se lasse. Aussi le Seigneur est obligé de nous rappeler, comme aux Éphésiens « c’est bien ce que tu as fait, tu as su persévérer autant que tu le pouvais, mais il manque ce qui était essentiel au départ : ton premier amour ». Il est question « d’abandonner » son amour. Ce n’est pas comme « perdre » comme on peut perdre un trousseau de clés. Mais lorsque nous abandonnons quelque chose, nous savons où nous l’avons laissé. L’exhortation de Dieu pour nous est donc de nous dire « retourne à l’endroit où tu l’as laissé ». Abandonner ce n’est pas perdre : il nous suffit de le chercher pour repartir avec un nouveau zèle.

L’expérience de Marie, sœur de Marthe et de Lazare a ceci d’important : ce qu’elle a fait a eu une portée éternelle. Après que plusieurs disciples aient été contrariés par son geste et par le parfum répandu qui aurait pu servir à aider les pauvres, le Seigneur l’a encouragée et a répondu : « vous aurez toujours les pauvres avec vous » puis Il a expliqué « que partout dans le monde entier on rappellera son geste ». Elle a rompu le vase rempli de nard pur et elle l’a répandu sur les pieds de Jésus, puis elle a essuyé les pieds du Seigneur avec ses cheveux  et toute la maison a été remplie de parfum. Un parfum, ça ne s’explique pas, ça se vit.  Une fois que le parfum a été versé,  impossible de le remettre dans le flacon. Puisque nous sommes chrétiens et que nous portons son Nom en nous, alors nous devons répandre son parfum autour de nous. Nous ne devons pas le retenir. Souvenons-nous que nous sommes là pour Lui et non pour nous.

Je chercherai celui que mon cœur aime

La Sunamite a été inquiète car pendant un temps, son amour a été perturbé, troublé : il lui faut rechercher celui qu’elle aime, de peur d’en être éloignée un jour. Au chapitre 3, elle se pose sur son lit et réfléchit « j‘ai eu beau chercher celui que j’aime, je ne l’ai pas trouvé ». Le lit est le symbole du repos, mais aussi souvent symbole de la paresse. Dans Proverbes, il est dit « paresseux, jusqu’à quand seras-tu couché ? » Proverbes 6 : 9 ou Proverbes 13 : 4 « l’âme du paresseux a des désirs qu’il ne peut pas satisfaire », ou 20 : 4 « à cause du froid, le paresseux ne laboure pas »… « Le paresseux se croit plus sage que sept hommes sensés ». Le tout est résumé au chapitre 21 : 5 « les désirs du paresseux le tuent ». On a quelquefois envie de vivre de belles expériences, mais notre paresse nous tue. Nous avons connu des personnes qui disent « il faudrait que les choses changent, que les gens agissent, que la France connaisse Jésus » mais pour cela il faut commencer par sortir et quitter son lit. Un homme est sorti près d’un champ d’un paresseux et il a constaté que le résultat était piètre : des épines, une terre aride… et pourtant tous les outils étaient disponibles. Tant que la Sunamite reste dans sa chambre (de sa lassitude, de sa paresse) elle peut continuer de rêver à de bonnes choses, elle ne vit rien et elle ne retrouvera jamais celui que son cœur aime.

« Je chercherai celui que mon cœur aime » a été traduit dans d’autres versions par « je cherchais celui dont mon âme est éprise » ou encore « j’ai cherché celui qu’aime mon âme ». On ne parle pas d’un amour superficiel, mais de ce qui fait notre vie, car ce sont nos âmes que le Seigneur est venu chercher. En échange, nous voulons chercher, trouver saisir et ne plus lâcher celui dont notre âme est éprise. La Parole parle d’aimer le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force, de toute notre pensée. Que puis-je donc faire aujourd’hui et qu’est ce que je ne fais pas ? Que s’est-il passé pour que mon engagement pour Dieu faiblisse ?

Un recherche d'abord infructueuse

La Sunamite a compris qu’elle ne trouverait pas son bien-aimé en restant sur son lit, aussi elle s’est levée, elle a cherché sur les places et dans les rues. Quelles images peut-on tirer de cela ? Cela nous parle de tous ses efforts qu’elle a fournis et qui n’ont pas fonctionné. Cela nous rappelle tous les efforts que Salomon a fournis pour « profiter » de la vie au maximum et finalement il dira dans Ecclésiaste 1 et 2 « j’ai beaucoup pensé, beaucoup agit, j’ai dépensé mon temps et mon énergie. Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite du vent ». Non pas que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, mais il s’est recentré sur son objectif et son conseil se résume alors à cela « crains Dieu, respecte ses commandements ». Nous sommes capables de fournir beaucoup d’efforts pour réussir notre vie tandis que l’essentiel est de réussir notre relation avec Dieu pendant notre vie, et que notre amour ne diminue pas, au contraire, qu’il augmente jour après jour. Que notre attachement à Dieu soit comme un parfum qui se répand chaque jour autour de nous afin que les personnes réagissent comme pour la Sunamite « mais quel est donc cet amour que tu as, qui est ton bien -aimé ? ». Nous sommes facilement pris par les préoccupations de la vie et par toutes les choses qui nous entourent. On peut avoir beaucoup de biens, d’argent…une seule chose demeure : c’est l’amour de notre Dieu. On peut se réjouir de beaucoup de choses, mais le plus important c’est de ne pas rompre notre attachement et notre communion avec le Seigneur.

Galates 5 : 24 « ceux qui sont à Jésus Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs » : facile de rompre avec l’alcoolisme, la violence…mais lorsque ce sont des désirs qui nous paraissent légitimes tels que d’avoir de l’argent, d’être au large, alors ce sont des désirs qui peuvent nous corrompre et corrompre notre âme.

Puis la Sunamite rencontre des gardiens de la ville, ceux qui ont pour fonction de maintenir l’ordre dans la ville et d’appliquer les lois afin de préserver la ville des méfaits éventuels, et elle leur demande « avez-vous trouvé celui que mon cœur aime ? » et ils restent silencieux. Qui sont-ils ? Ils nous parlent de ceux qui ont pour habitude d’appliquer des principes, des lois, en oubliant que la lettre tue, mais que l’Esprit vivifie. Il nous parle de réclamer l’Esprit de Dieu afin de pouvoir aller plus loin et de mieux saisir la faveur et la grâce de Dieu. Avons-nous subi l’injustice ? l’incompréhension ?  Qui n’a pas subi cela. Si Jésus qui est le bois vert a subi cela, alors que devrons-nous subir de la part des hommes ? Mais par le Saint-Esprit, nous pouvons surmonter ces choses et les vaincre. Le pardon est un enseignement de la Bible : si je ne suis pas capable de pardonner, j’ai un poids sur mon cœur et quelque chose qui fait obstacle à mon amour avec Dieu. Si ce sont des conflits qui ont éteint mon amour pour Dieu, alors ce ne sont pas des mots et des textes qui vont ranimer notre attachement pour Dieu, mais c’est notre communion avec Lui.

Il se laisse enfin trouver

La Sunamite a cherché des solutions. Seulement, elle a mal commencé : pas de la bonne façon (sur son lit) ni au bon endroit (sur les rues et les places : ce n’est pas dans l’accaparement d’une vie trépidante qu’elle pouvait renouer une vie avec Dieu) ni auprès des bonnes personnes. Mais elle a poursuivi sa route, a été persévérante et dans sa grâce et sa bonté le Seigneur est venu la trouver et elle va dire « je l’ai trouvé celui que j’aime, je l’ai saisi et je ne l’ai point lâché ». Apprenons donc que si un jour nous avons trouvé celui que notre cœur aime, et si nous l’avons abandonné, alors faisons le petit effort supplémentaire pour le retrouver et qu’alors nous puissions dire « jamais plus je ne le lâcherai » et que nous puissions dire comme Paul « Christ est ma vie et la mort m’est un gain ». Philippiens 1 : 21