La vie chrétienne normale 6/6

Le brisement

L’un des aspects de la vie chrétienne « normale » que nous allons évoquer aujourd’hui n’est certes pas l’un des plus agréables mais il est fondamental et incontournable puisqu’il s’agit du brisement. En effet, nous devons savoir que la souffrance fait partie de la vie du disciple de Christ et il est nécessaire d’intégrer cette vérité afin de mieux vivre les réalités auxquelles nous sommes confrontés. Nous baserons notre étude sur Esaïe 53 : 3 – 5 et verset 10.

Nous pouvons être choqués quand nous lisons au verset 10 qu’il a plu à l’Eternel de briser son fils par la souffrance. Non le calvaire de Jésus n’a pas été un moment de distraction pour son Père : il n’y a pris aucun plaisir mais il assistait à l’accomplissement de sa volonté souveraine pour la délivrance de l’humanité, délivrance qu’il s’était imposée et que Jésus avait acceptée. Mais on peut être certain qu’au moment de la crucifixion, le cœur de Dieu le Père a été déchiré, tout comme celui de Marie, car la Bible nous dit que Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même. 2 Corinthiens 5 : 19. Réalisons donc que lorsque la lance du soldat romain a percé le côté de Jésus, le cœur du Père a été percé aussi.

Nous pouvons donc déduire que notre Père, qui a fait de nous des enfants d’adoption, n’est jamais insensible à nos souffrances. Dieu nous aime tant, que pour nous délivrer de la puissance du péché et de ses conséquences, il a suscité un autre lui-même pour descendre parmi nous, revêtir notre humanité, souffrir comme nous, nous délivrer de la malédiction de la mort et nous faire entrer dans son salut glorieux.

Alors pourquoi Dieu a-t- il permis que son Fils Bien-Aimé soit brisé par la souffrance et pourquoi notre Sauveur a-t-il accepté une telle mission ? Nous en trouvons la réponse dans Hébreux 5 : 7 – 10. Jésus-Christ est venu dans une chair semblable à la nôtre mais Fils de Dieu, il n’a jamais été dans la désobéissance. Il s’est montré, au contraire, obéissant jusqu’à la mort et cette obéissance passait par le brisement. Il n’a pas résisté et malgré les souffrances, la douleur suprême, il est resté dans la volonté du Père afin d’accomplir son ministère.

Nous sommes de nature différente : fils de la rébellion, au cou roide, désobéissants comme notre ancêtre Adam, nous sommes héritiers de cette nature rebelle qui résiste à Dieu. Incapables de dire comme Jésus, « Non pas ma volonté, Père, mais la tienne». Aussi si nous nous disons enfants de Dieu, si nous voulons vivre la même vie que Jésus, nous ne sommes pas plus grands que notre Maître, nous devons nous attendre à passer par des épreuves et des souffrances. Ce chemin de douleur est la conséquence et fait partie intégrante de notre vie terrestre. Dieu nous brise par la souffrance afin de renverser toute résistance à l’obéissance de sa Parole et nous apprendre la soumission et la dépendance à sa volonté souveraine. La souffrance entraîne le brisement de notre moi, l’anéantissement de notre caractère, de cette chair qui résiste à Dieu et qui rend la vie chrétienne si difficile. Lorsque nous acceptons la puissance et l’autorité de Dieu dans notre vie, nous ne nous révoltons plus, nous sommes en mesure d’accomplir pleinement toute sa volonté.

Notons que tous les grands hommes de la Bible sont passés par le brisement : Abraham ; Moïse qui ne deviendra un instrument de Dieu que lorsqu’il sera passé par le brisement. Son cheminement de prince d’Egypte, de libérateur du peuple, débouchera sur sa fuite dans le désert chez les Madianites et c’est là dans le désert, que Celui qui s’appelle « Je suis celui qui suis » l’interpellera pour le servir. Exode 1 – 2 – 3. ; Joseph, dernier-né d’une fratrie, qui va avoir l’imprudence de raconter ses rêves à ses frères et aux serviteurs du Pharaon, et quand il sera esclave, brisé au fond d’une citerne, Dieu va l’élever et s’en servir ; Saül 1er roi d’Israël qui se révélera désobéissant et arrogant jusqu’à déchirer le pan du manteau de Samuel et perdra sa royauté. 1 Samuel 13 – 14 – 15. ; Saul de Tarse, qui deviendra l’apôtre Paul, grand serviteur de Dieu de sa génération, persécuteur de l’Eglise de Jérusalem, en route pour maltraiter les chrétiens de Damas, rencontrera Jésus sur le chemin. C’est à un homme brisé, que Jésus va révéler qu’il souffrira pour son nom. La Bible nous dit qu’Ananias a été envoyé vers un homme affaibli, affamé, humilié et brisé qui attendait sa délivrance. Actes 9 ; Demas, collaborateur de Paul, qui après avoir travaillé avec les apôtres abandonna l’apôtre Paul par amour pour le monde. Colossiens 4 : 14 – Philémon 1 : 24 – 2 Timothée 4 : 10.

Les épreuves et les circonstances de la vie, même les plus ardues, doivent nous ramener à Dieu, nous entraîner à lui remettre tout, car notre nature rebelle n’a qu’un but : nous séparer de lui. N’essayons pas d’ignorer cette facette de notre vie chrétienne adulte, ne pensons pas fuir à l’autre bout de la terre mais sachons que nous serons toujours rattrapés par notre Créateur et qu’il nous faudra nous abandonner à lui. Lui obéir, tout lui lâcher.

Jésus-Christ, Fils de Dieu, n’a été ni puni, ni frappé mais serviteur jusqu’à la mort, il a choisi d’être rejeté, de passer par le brisement et réduire sa volonté à celle du Père. Cette attitude d’abandon, d’humilité est contraire à celle de la chair mais c’est la seule pour accomplir la volonté de Dieu et marcher dans ses voies car lorsque nos résistances sont brisées, anéanties, que nous n’avons plus de choix, ni de sorties, nous sommes libérés et Dieu nous comble de toutes sortes de bénédictions.

Souvenons-nous du parcours de notre Maître et fuyons les prédicateurs de prospérité et de plénitude qui prophétisent sur le bonheur ici-bas : ce n’est pas biblique. Il nous faut accepter de vivre dans les larmes de la chair pour vivre un jour dans la gloire du Seigneur, la Jérusalem céleste, là où il n’y aura ni larmes ni souffrances. Notes de Maguy Agay