David Mastriforti

Trouver l'équilibre de la communion fraternelle

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Avec David, nous allons reprendre notre thème de l'année, qui est de préparer la maison pour accueillir la moisson, afin

d’approfondir un autre point. Au cours du mois dernier, nous avons vu ensemble qu'il fallait briser le mur du silence. Toutefois, force nous est de constater qu’il existe d'autres obstacles qui nous empêchent de communiquer. Dans notre société, avec tous les nouveaux moyens de communication que nous avons à notre disposition, tels que les SMS, Twitter, ou Facebook, nous ne communiquons pratiquement plus que par écrans interposés. Or, cette facilité de communication nous éloigne les uns des autres.

illiam Booth, le fondateur de l'Armée du Salut, dans son grand âge, ne pouvant assister à une convention, avait envoyé comme mot d’ordre aux délégués en télégramme ces deux mots : "Les autres". Là se trouve l'essence de l'Évangile (Galates: 5:14 « Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même »). Cette capacité d’aimer son prochain comme soi-même doit redevenir le point central de notre église.

L'Église primitive se concentrait sur ce principe qui était aussi son facteur de croissance.

La communion (= koinonia) comprend une notion de partage matériel (biens en commun, entraide, hospitalité, repas ensemble) et une notion de partage spirituel (édification commune, c'est-à-dire exhorter, consoler, avertir). On peut alors se demander comment de nos jours nous pouvons vivre une telle communion ? Comment être proche des gens sans se faire du mal ? En effet, dans l'église il peut y avoir les deux extrêmes : l'indifférence (des gens vivent repliés sur eux mêmes) et de l'autre des gens qui vivent « en clan », se mêlent de tout, ou s'ingèrent dans la vie des autres.

Alors, comment trouver l'équilibre de la Koinonia?

Le paradoxal équilibre de la communion fraternelle

Jacques nous donne un principe d'équilibre pour vivre cette communion fraternelle : « Si quelqu'un croit être religieux, sans tenir sa langue en bride, mais en trompant son cœur, la religion de cet homme est vaine. La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde. » (Jacques 1:26-27).

 À la lecture de ses versets, on s'aperçoit qu'il y a une apparente contradiction : d'un côté tenir sa langue en bride, c'est-à-dire faire attention à ce que l’on dit, et de l'autre visiter les orphelins et les veuves.

L'exhortation à l'accueil mutuel

Dans l'église, il est important de savoir qu'il y a des gens qui nous soutiennent. Avant il n'y avait pas de visite pastorale, c'était la communauté se chargeait de la solidarité. Quand une femme devenait veuve à cette époque elle se retrouvait sans aucun moyen pécuniaire, et était poussé jusqu’à mendier, commettre des larcins, voire se prostituer. Il fallait donc l’aider.

 Episkeptomai = le mot « visiter » signifie jeter un regard/prendre soin. Il vient de skopos qui signifie un observateur/veilleur.

Les dangers de la dérive à l'accueil mutuel

Toutefois, de l'autre côté Jacques nous dit que si quelqu'un se croit religieux mais ne tient pas sa langue en bride, alors il pèche. Cette épître de Jacques nous parle de la maitrise de soi et il dénonce à la fois les non-dits et l’indifférence que « les mal-dits ».

Proverbes 25:17: "Ne va pas trop souvent chez ton ami, de peur qu'il ne se lasse de toi et ne te prenne en haine".

Jacques qualifie la sagesse comme devant être sans masque (an-hupocritos): "La sagesse d'en haut est d'abord pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie". (Jacques 3 :17)

Les applications de l'équilibre de la communion fraternelle

“Mes frères, que votre foi en notre glorieux Seigneur Jésus-Christ soit exempte de toute acception de personnes. Supposez, en effet, qu’il entre dans votre assemblée un homme avec un anneau d’or et un habit magnifique, et qu’il y entre aussi un pauvre misérablement vêtu ; si, tournant vos regards vers celui qui porte l’habit magnifique, vous lui dites : Toi, assieds-toi ici à cette place d’honneur ! et si vous dites au pauvre : Toi, tiens-toi là debout ! ou bien : Assieds-toi au-dessous de mon marchepied ! ne faites-vous pas en vous-mêmes une distinction, et ne jugez-vous pas sous l’inspiration de pensées mauvaises ? Ecoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde, pour qu’ils soient riches en la foi, et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ? Et vous, vous avilissez le pauvre ! Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment, et qui vous traînent devant les tribunaux ? Ne sont-ce pas eux qui outragent le beau nom que vous portez ? Si vous accomplissez la loi royale, selon l’Ecriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien. Mais si vous faites acception de personnes, vous commettez un péché, vous êtes condamnés par la loi comme des transgresseurs. Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous [...] Parlez et agissez comme devant être jugés par une loi de liberté, car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement.” (Jacques 2:1-13 LSG)

Comment aider sans assister ? Comment aider sans ingérence, ou sans être étouffant ? Jacques nous dit qu'il faut aimer son prochain comme soi-même (Jacques 2:8). Aimer son prochain c'est répondre à ses besoins.  Voici quelques applications pratiques:

La différence entre la partialité et les affinités

Le mot distinction vient du mot discerner, faire le tri/juger. Cependant il ne faut pas regarder à l'apparence mais au cœur. Avoir des d'affinités, c’est bon - et c'est normal ! - mais nous devons avoir le même amour pour tout le monde.

La différence entre l'acceptation et l'approbation

Jésus est allé vers les pécheurs et il était appelé ami des pécheurs. Nous sommes donc appelés à accueillir tout le monde, même si nous n’approuvons pas leurs modes de vie. Jésus accueillait bien les rejetés de sa société, les prostituées, les fous, etc.

La différence entre évaluation et condamnation

"Parlez et agissez comme devant être juges par une loi de liberté, car le jugement est sans miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement" (12-13).

Il est intéressant de relever que même les entêtes de chapitre que les traducteurs ont ajouté au texte biblique pour faciliter la lecture sont condamnateurs: le fils prodigue (ou dépensier) au lieu du fils retrouvé, la femme adultère au lieu de la femme pardonnée. Nous collons trop d'étiquettes sur les gens. Dieu nous appelle à la miséricorde, or la miséricorde n'est pas une faiblesse, elle triomphe du jugement.

Cherchons le bonheur des autres, bénissons-nous les uns les autres et l'on aura moins de sujet pour critiquer.