Le Seigneur en a besoin

Le Seigneur en a besoin

Dimanche : lectures de Luc 19:29-44, Matthieu 21:18-20. Quand je lis ces lignes, immanquablement chante dans ma tête un petit chœur d’école du dimanche : “Et l’âne trotte, la tête haute, le long des rues, portant Jésus” et je suis étonné des enseignements qu’une simple comptine peut remettre en mémoire.

Les évangiles nous racontent comment Jésus a demandé à ses disciples d’aller détacher un ânon, pour que juché dessus, il fasse son entrée triomphale à Jérusalem, acclamé par la foule qui jeta palmes et vêtement sur son passage pour l’honorer.

Mettons nous à la place du propriétaire de l’ânon. Il aurait pu s’indigner qu’on lui emprunte un peu cavalièrement son animal, mais par la phrase, “le Seigneur en a besoin”, nous comprenons que Jésus était connu de lui : il savait qui était le Seigneur. Ces mots devraient résonner aussi en nous : tout ce que nous avons, nous ne le possédons pas, nous n’en sommes que dépositaires et Jésus peut nous le réclamer pour sa gloire. Mais quel honneur de servir et de pourvoir aux besoins du Seigneur!

Jésus avait besoin de l’ânon. Dit comme ça, cela paraît anodin. Pourtant, que Jésus, le Fils de Dieu, qui opéra de puissants miracles, ait besoin de quelque chose que l’on peut lui donner, est une chose qui devrait nous interpeller. Pour accomplir l’œuvre de son Père, Jésus a souvent demandé à la personne qu’il voulait bénir qu’il donne ou fasse quelque chose : rappelez-vous : l’eau de la Samaritaine (Jean 4), le pain et les poissons de l’enfant de la multiplication des pains (Jean 6), l’eau qu’il a changée en vin aux noces de Cana (Jean 2). Le Seigneur en a besoin, oui, mais à y réfléchir, n’est-ce pas surtout nous, qui avons besoin de donner à Jésus, pour être bénis en retour : notre temps, nos moyens, notre adoration. Même si nous avons l’impression que ce que nous mettons à la disposition du Seigneur est bien dérisoire.

Les évangiles sont si concis que lorsqu’un détail est donné, il faut redoubler d’attention pour en percer le sens. L’ânon n’avait jamais été monté, c’était sa première fois, tout comme notre vie avec le Seigneur est remplie de premières fois. On peut craindre ne pas être de force, de ne pas savoir, mais quand le Seigneur nous demande explicitement quelque chose, il ne faut pas être rétif. Si l’ânon avait fait des manières, aurait-il pris part et quelque part partagé la gloire de Jésus ? Aussi, quand l’heure est venue de servir, faisons-le avec joie et enthousiasme ! Faisons le sans peur, car nous avons de l’aide.

Les évangiles de Marc et Luc focalisent l'attention du lecteur sur l'ânon, mais Matthieu nous donne ce détail qu'il y avait une ânesse qui accompagnait l'ânon. Tout seul, l'ânon aurait eu peur, ou se serait montré rétif, mais à cause de sa maman, il était rassuré et en confiance. Ce détail me parle des mères et pères dans la foi, qui accompagnent les plus jeunes. Ils ne font pas le boulot, ils sont là pour partager leur expérience quand c’est nécessaire et rassurer. Et ils doivent apprendre à passer la main, ne pas faire la tâche des jeunes générations, les laisser prendre des responsabilités. Juste, marcher à côté d'eux et partager la gloire de Jésus comme l’ânesse avec son ânon. Il y a des saisons dans la vie et il faut savoir passer le relai sans amertume et ni sentiment de jalousie : “J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître,” (1 Corinthiens 3:6). L'ânesse aurait pu penser, puisque c'est comme ça, que ce n'est pas moi qui ai été choisie pour porter Jésus, je vais les faire tomber. Au contraire, je pense que l'ânesse devait être fière de voir son rejeton distingué par le Seigneur pour être à son service. Soyons fiers de nos jeunes, pas pour en tirer un orgueil mal placé, mais parce que cela nous fait du bien et que cela instaure une relation de bienveillance et d'amour mutuel

Tel est  le premier pas sur le chemin de Pâque, apprendre à donner à Jésus, avec joie et sans rechigner, car c’est lui qui multipliera.  

Jean-Marc