Une maison de prière

Le chemin de Pâques - une maison de prière

Lundi : lecture de Matthieu 21:12-13, Marc 11:1-11, Luc 19:29-44  Quoi, comment Jésus se met en colère ? Il fait scandale ! Il s’oppose à l’autorité des prêtres en charge des lieux saints ! Il s’attaque aux marchands et changeurs du Temple !

On rembobine ! De quoi s’agit-il ? Lors de grandes fêtes, les enfants dispersés du peuple d’Israël dans tous les pays méditerranéens convergent vers Jérusalem pour offrir leurs sacrifices. Ils apportent avec eux des pièces de monnaies (pas de carte de crédit ni de billets à l’époque) de valeurs inégales, valorisées selon leur poids de métal précieux, plus ou moins rognées, afin de payer le prix des animaux sacrifiés. Et surtout, les pièces sont à l’effigie des monarques, ce qui contrevient à la règle de non représentation de personnes humaines ou célestes du deuxième commandement. Des changeurs de monnaie sont donc nécessaires. Pourquoi Jésus s’en prend-il à eux ? C’est que le service est devenu une source de trafics divers, plutôt moins que plus honnêtes, sous l’œil complaisant des grands prêtres qui en tirent profit. Les tables des changeurs et des vendeurs de pigeons sont venues insensiblement grignoter l’espace jusque dans le Temple, dans la cour des Gentils. Déjà au début de son ministère, Jésus avait chassé les marchands du Temple et peu à peu, ils avaient repris leur place usurpée.

En renversant un nouvelle fois les tables des changeurs et des vendeurs de pigeons, Jésus donne une leçon que nous ferions bien d'écouter : il faut prendre au sérieux la sainteté du Temple de Dieu, il faut s’indigner des compromissions qui peu à peu viennent profaner le sanctuaire destiné à la prière, destiné à la communion entre le peuple élu et son Dieu vivant et vrai.

Depuis bien longtemps, en 70 les armées du général romain Titus ont rasé le Temple a été rasé, les prêtres ont tous été massacrés ou dispersés. Alors comment appliquer cet enseignement de nos jours, de quel temple s’agit-il ? Nos églises ? D’une certaine façon, oui. Mais plus sûrement, de nos corps : “Ne savez–vous pas que votre corps est le temple du Saint–Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous–mêmes ?” (1 Corinthiens 6:19 LSG) nous dit l’apôtre Paul. Et dans ces corps, qui peut prétendre soutenir sans baisser les yeux le regard de Dieu ?

Nous avons raison de louer Dieu pour sa patience envers nous, de rendre grâce à Jésus pour l’expiation de nos péchés et le pardon de nos fautes, de bénir le Saint-Esprit pour l’esprit d’adoption qui nous fait nous écrier “Abba, Père” mais l’indignation de Jésus doit nous garder de toute complaisance face aux compromissions qui grignottent notre consécration et notre vie spirituelle, comme le dit l’auteur de l’épître aux Hébreux “C’est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, montrons notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte, car notre Dieu est aussi un feu dévorant.” (Hébreux 12:28-29 LSG)

La purification du Temple nous renvoie dans ce chemin de Pâques à la purification de notre corps et de notre cœur. Car, “Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous–mêmes, et la vérité n’est point en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité.” (1 Jean 1:8-9 LSG). Alors notre corps prend toute la dimension que Dieu a voulue pour nous dès la fondation du monde : le lieu de la communion, une maison de prière.

Jean-Marc