Confusion des genres

Norman Rockwell - Knucles down 1939

Le pays dans lequel nous vivons est troublé par un débat qui tourne à l'hystérie collective au sujet d'un

projet éducatif sur l'égalité filles-garçons. Il s'agit de combattre les stéréotypes et les préjugés, dès la maternelle pour transmettre des valeurs d'égalité et de respect.

Le point de départ est juste : les femmes font face trop souvent à une grande injustice sur l'emploi, la rémunération, la charge des travaux ménagers, la représentation politique, par exemple. Qui peut nier cette injustice qui perdure ? Promouvoir l'égalité des droits est fondé et il semble naturel de soutenir cette entreprise, à commencer déjà dans nos foyers. Pourquoi dans nos foyers ? Parce que nous n'avons pas de leçon à donner aux autres, si ce n'est un exemple qu'ils auront envie d'imiter. Comment le faire ? En résistant au modèle culturel perverti dans lequel nous vivons et en défendant le principe d'une complémentarité respectueuse.

Résister à un modèle culturel dégradant

Une première remarque s'impose à nous : penser qu'on puisse résoudre ce problème culturel en quelques heures à l'école est illusoire. Pourquoi ? Parce que la meilleure pédagogie, c'est l'exemple : d'abord celui des parents à la maison, ensuite celui des autres acteurs culturels.

C'est bien là le hic : les enfants sont soumis dès leur plus jeune âge à une déferlante médiatique qui valorise la violence et la sexualité dans ce qu'elle a de plus brutal, qui offre une vision de la virilité oppressive et une image de la femme dégradante. Tout le monde a entendu telle chanson de rap, vu tel film ou telle série de télévision, joué avec tel jeu vidéo. Tout le monde sait l'accessibilité de la pornographie qui est consommée par des des enfants de plus en plus jeunes. Tout le monde est témoin de l'image de la femme véhiculée par certains magazines et le monde de la mode. Si donc l'égalité des sexes tenait vraiment au cœur de ceux qui nous dirigent, c'est par le combat contre les stéréotypes et l'image humiliante de la femme répandus par l'industrie du divertissement, qu'ils devraient commencer, au moins en n'accordant pas des aides ou financements à des spectacles ne répondant pas à cet objectif.

Préservons nos foyers de cette culture dégradante. Paul disait aux Philippiens "Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées." (Philippiens 4:8 LSG). Sans être grenouille de bénitier, sachons être sélectifs dans nos divertissements, car ce ne sont pas seulement nos cœurs que nous corrompons ainsi, mais ceux de nos enfants.

Vivre dans une complémentarité respectueuse 

Poursuivons notre thème de l'égalité. Les choses se compliquent, quand de l'égalité des droits, on passe à l'égalité des chances, qui est déjà problématique et de là à l'égalité tout court. Il s'agit pour les tenants de cette idéologie, de gommer les différences sexuelles ou plus précisément du genre. Ainsi, de la revendication à l'égalité d'un droit, on passe insensiblement à la confusion des genres,. Ce n'est pas ce que propose ouvertement le gouvernement avec son projet, mais c'est l'idéologie qui sous-tend les propos de plusieurs de ses initiateurs. Il n'est pas question ici de prendre parti sur ce domaine d'étude du genre que certains appellent théorie du genre, mais de rappeler un principe divin fondamental : l'ordre.

Ce mot terrible déclenche à coup sûr la colère des tenants du "postmodernisme" qui veulent tout "déconstruire". Mais qu'on soit d'accord ou pas, notre Dieu est un Dieu d'ordre. Henri Blocher (Révélation des origines, PBU, p 63 et suivantes) fait remarquer à propos de la création, que Dieu n'est pas un Dieu de désordre mais de paix (1 Corinthiens 14:33). Le récit de la création fait alterner la création proprement dite, la distinction (ou l'ordre) et la bénédiction. À ce titre, l'espèce humaine est créée dans la distinction sexuelle "Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme." (Genèse 1:27 LSG). Dieu préside l'armée des cieux. Or, ce qui fait la valeur d'une armée, c'est sa discipline, son ordre. Dieu est celui aussi qui a donné des lois au peuple juif pour séparer le pur de l'impur. On pourrait multiplier les exemples. Le Dieu révélé dans la Bible est un Dieu d'ordre dans la diversité. C'est la condition de la paix. C'est la condition de la prospérité.

Dès le jardin d'Eden, le serpent ancien instille le désordre : "Vous serez comme des dieux" (Genèse 3:5). Dans son mensonge, il y a une part de vérité : "comme". Mais "comme des dieux" ce n'est pas tout à fait "des dieux". Quand une chose est "pas tout à fait mais presque", c'est souvent une prescription pour un désastre. L'idéologie qui veut déconstruire l'ordre moral naturel pour imposer sa vision utopique de la liberté, participe du point de vue biblique à cette entreprise diabolique. Diabolique, car en prétendant unir, elle clive, elle est porteuse de division. Le résultat est ce qu nous voyons tous les jours : la violence, la drogue, les incivilités, l'échec scolaire, l'irrespect des garçons vis à vis des filles et des filles par rapport à elles-mêmes.

Rétablir l'ordre, est-ce revenir à des méthodes autoritaires, est-ce retourner à la domination des mâles ? La Bible répond non, car la différenciation, notamment sexuelle n'est pas synonyme d'oppression ou d'injustice. La Bible, même en la contextualisant, en particulier Éphésiens 5:21-25, n'est pas équivoque sur le plan de l'autorité de l'homme sur la femme. Pourtant cette autorité est largement partagée : "La femme n'a pas autorité sur son propre corps, mais c'est le mari ; et pareillement, le mari n'a pas autorité sur son propre corps, mais c'est la femme." (1 Corinthiens 7:4 LSG). Cette autorité doit être légitime, c'est à dire exercée "comme Christ a aimé l'église" (Éphésiens 5:25). Comment Christ a-t-il aimé l'église ? En se dépouillant de son autorité (Philippiens 2:7-8), en donnant sa vie pour elle, en lui donnant sa présence. On voit ainsi que l'exercice de l'autorité légitime, fondée sur l'amour et la responsabilité, loin d'opprimer, au contraire exalte et libère son vis-à-vis.

En distinguant l'homme de la femme, le Seigneur leur a donné la jouissance d'une dimension merveilleuse des relations humaines : la complémentarité.  Cela est vrai pour la gestion, l'entretien de la maison, les décisions, les investissements et surtout pour l'éducation des enfants. Pour être équilibré, l'homme doit s'appuyer sur les compétences et la sensibilité de la femme et réciproquement. Ainsi, sous prétexte de s'attaquer au vrai problème de l'inégalité d'exercice des droits de la femme, nous sommes en train de "déconstruire" une richesse fondamentale de la vie familiale. À cela, le chrétien averti voudra suivre le Seigneur dans la voie d'une soumission mutuelle (Éphésiens 5:21) et donner à ses enfants l'exemple d'un foyer respectueux dans lequel les modèles culturels pernicieux n'ont pas leur place. 

Un dernier conseil

Il faut bien comprendre que des forces troubles essaient de se saisir de ce sujet pour nous entraîner dans des provocations qui n'ont rien à voir avec la préservation de nos valeurs. Ces valeurs doivent être inspirées par la Parole et l'Esprit de Dieu : "Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel." (Ésaïe 11:2 LSG). C'est pourquoi faisons preuve de vigilance, sans foncer tête baissée sur le premier chiffon rouge venu, sans accorder crédit à toutes rumeurs, en nous prononçant avec mesure sur des faits avérés en fonction de ce que la Parole de Dieu et son Esprit nous révèlent.

 

JML