Mountain scenery

Où regarder ?

C'est le printemps, et il fait beau. Les premières feuilles vert tendre, les premières fleurs jaune apparaissent et pourtant, tandis que l'heure est au renouveau de la nature, il y a dans l'air un parfum d'inquiétude,

de désarroi et parfois de colère. Pourquoi ? Parce que la crise, les bruits de guerre, les affaires, le dérèglement climatique, la vulgarité et l'injustice du siècle font peser sur nos consciences cette musique sourde, sombre et lancinante qu'une chose terrible va survenir. Ce qui nous inquiète le plus, c'est qu'il nous qu'après avoir essayé, nous sommes livrés impuissants à des forces sombres qui nous dépassent. Pour retrouver de l'espérance, où regarder ?

Les économistes multiplient les prédictions et des recommandations qui se révèlent toujours plus fausses : à une embellie illusoire succède une crise qui nous enfonce encore un peu plus. Qui peut encore placer sa confiance dans les lendemains qui chantent promis par des politiciens dans l'euphorie d'une campagne électorale ? On se dit : mais la science, la science, les nouvelles technologie. Oui, même la science, dont nous saluons tous les jours les progrès inouïs apparaît comme salie par l'usage délétère que nous en faisons : on vit plus vieux, mais cela ne sert qu'à être malheureux et seul plus longtemps ; on communique facilement avec Internet, mais c'est pour apprendre que nous sommes sous écoute et que les amis de Facebook...ne sont que des amis Facebook.

La vie de nos pères était plus matériellement plus difficile que la nôtre, mais il y avait cet espoir que le progrès améliorerait leur condition et que liberté, égalité, fraternité se répandraient dans le monde. Or, le XXIème siècle est celui de la fin des idéologies. Avant de devenir fou, le philosophe naturaliste Nietzsche avait chanté la mort de Dieu ; en fait de mort, c'est l'espoir comme il le pressentait (1) qui est mort. Tout le monde a compris que le communisme portait en lui le totalitarisme et les exterminations de masse, comme le libéralisme porte en lui la consommation effrénée des ressources naturelles et l'accaparement par les quelques-uns du fruit du labeur de beaucoup d'autres ; et ces religions qui promettent la paix tant qu'elles ne sont pas dominantes, et qui quand elles le deviennent se mettent à opprimer. Pour retrouver l'espérance, où regarder ?

Et quand bien même nous aurions tout, ce sentiment de frustration, d'inquiétude et de vide retentirait toujours dans nos têtes comme la chanson des Rolling Stones "I can get no satisfaction" ou "Je ne parviens pas à me satisfaire, non non non, pourtant j'essaye, j'essaye, j'essaye..." Cette chanson, l'hymne d'une génération comblée reste, ô combien, à l'ordre du jour. "Qu'on me laisse faire les chansons d'une nation et je me moque bien de savoir qui fait ses lois" disait Andrew Fletcher (homme politique écossais du 1655-1716).. Plus importante que les la Chambre des députés, plus influente que l'école ou la littérature, l'industrie du divertissement nous pousse vers la vulgarité et l'insatisfaction. Pour retrouver l’espérance et le contentement, où regarder ?

La femme et l'homme post-modernes après avoir tout "déconstruit", sont à beaucoup d'égards comme le psalmiste qui disait “Je lève mes yeux vers les montagnes … D’où me viendra le secours ?” (Psaumes 121:1 LSG). . Le groupe Téléphone chantait :"Quelque chose en toi ne tourne pas rond". Pour réparer le moteur, où regarder ?

Quand la machine est cassée, il faut demander à son créateur s'il veut bien la réparer. Le psalmiste que nous venons de citer, dans sa méditation, arrivait à la conclusion : “Le secours me vient de l'Éternel, qui a fait les cieux et la terre.” (Psaumes 121:2 LSG). L’Évangile nous dit où regarder, mais à dire vrai, son message a tellement été dévoyé par de mauvais bergers qu'il est devenu difficilement audible si l'on ne remonte pas aux sources, la parole même de Dieu. L’Évangile nous dit où regarder, mais ce qu'il faut regarder nous fait horreur. Pensez, une croix encore sanglante ! Comment accepter que de cet instrument de torture, dressé il y a 2000 ans, il puisse sortir quelque chose de bon ? Et puis, nous sentons bien qu'il ne s'agit pas seulement de regarder de nos yeux, qu'il faut nous engager dans un chemin qui s'aventure dans des terres inconnues. Alister McGrath, Professeur de théologie, ministère et éducation au King’s College, de Londres écrit: “Exactement comme Dieu s'est humilié lui-même en se faisant connaître dans l'humilité et la honte de la croix, nous devons nous humilier nous-mêmes si nous voulons le rencontrer. Nous devons nous humilier nous-mêmes en nous préparant à nous entendre dire où nous devons regarder pour trouver Dieu, plutôt qu'à faire confiance à notre intuition et à nos capacités à spéculer. En fait, nous sommes forcés de détourner nos yeux de la contemplation de là où nous aimerions voir Dieu se révéler et, au lieu de cela, de les tourner en direction d'un lieu qui n'est pas celui que nous avons choisi, mais qui nous est donné." (2). Pour retrouver l'espérance, où regarder, sinon à la croix de celui que Dieu a envoyé pour sauver le monde de son péché et annoncer le Royaume de Dieu ? C'est là qu'il faut regarder.

Alors que nous cheminons vers la fête de Pâques, ne nous attardons pas aux distractions absurdes des traditions impies ou celles que la société de consommation agite à nos yeux pour nous détourner du vrai message. Regardons vers la montagne, la seule d'où peut nous venir le secours. Le Fils de Dieu y est monté, il nous invite à le rejoindre, et là, de retrouver l'espérance. C'est là, c'est à lui qu'il faut regarder.

1) §125 du livre 3 du Gai Savoir
2) Alister McGrath, The Mystery of the Cross, (Grand Rapids: Zondervan, 1988), 104.