Sans compromis

Invités par des amis, ceux-ci nous parlaient de leur visite au musée du désert au coeur des Cévennes, un mémorial de l'histoire glorieuse de ceux qui nous ont précédés dans la foi. Un peu piqué par le sujet, le soir, j'ai ressorti un vieux livre : la biographie d'un forçat envoyé aux galères alors qu'il était en train de fuir le pays afin de vivre sa foi en toute liberté. Sa relecture m'a fait tant de bien que je voudrais vous en faire profiter.

Mémoires dun galérien 001Ce livre n'est pas publié par un éditeur chrétien, mais il rend compte d'un témoignage édifiant. Je vous engage à vous le procurer. Il ne se lit pas, il se dévore comme le livre d'aventures qu'il est. Il y a des films d'actions réalisés à partir d'histoires beaucoup moins spectaculaires !

Originaire de Bergerac en Dordogne, après avoir vu sa famille dispersée par les dragonades ordonnées par Louis XIV, à 16 ans, Jean Martheilhe prend la route avec un ami pour passer dans les Provinces-Unies (Pays-Bas) où règne la liberté d'exercer sa religion. Pratiquement arrivés à destination, ils sont capturés traitreusement, traînés de prison en prison, pour finalement sans jugement être attachés aux fers d'un banc d'infâmie des galères. L'histoire s'achève heureusement après mille événements dramatiques. Jean sera libéré au bout de treize longue années, et condamné à sortir du pays... exactement ce qu'il souhaitait faire avant d'être attrapé ! 

Je voudrais vous partager ce que je retire de cette histoire vécue, et ce que j'en retiens comme modèle ?

Sans compromis

À tout moment, Jean Marteilhe et ses compagnons d'infortune auraient pu échapper à leur sort : Il leur suffisait de renier leur foi. À tout moment, il pouvaient appeler le garde-chiourme et demander la relaxe contre un reniement. On leur a proposé de jouer sur les mots, de dire des choses qu'ils ne pensaient pas. Jamais une abjuration n'est sortie de leurs lèvres. Il faut savoir ce qu'était la galère : un endroit de saleté inimaginable, où les coups pleuvaient ; un endroit de danger, de froid, de faim, d'humiliation constante. On renie le Seigneur pour beaucoup moins que ça... parfois pour faire comme tout le monde

Sans haine

L'auteur nous raconte précisément comment lui et ses compagnons d'infortune ont été dénoncés et maltraités par des prêtres et des bigots. Jamais on ne lit une parole haineuse à leur égard, les faits seuls sont relatés. Pourtant son père a été emprisonné, ses frères et soeurs enfermés au couvent, sa mère forcée d'abjurer. Il a dû quitter une maison prospère, une communauté unie, pour 13 années de souffrance.

Sans pleurnicherie

Le récit qu'il fait de ses tourments les plus sombres sont factuels (l'éditeur fournit des notes qui confirment l'historicité de ses propos) et bien que certaines descriptions soient épouvantables, jamais le ton n'est désespéré, revanchard ou lamentable. Bien au contraire, la tonalité du livre est très positive. Il rend hommage à tous ceux qui l'ont aidé : la solidarité de ses correligionnaires protestants, qui sans le connaître ont pris des risques pour le soutenir, un esclave Turc, galérien comme lui, qui a couvert ses agissements quand il redistribuait clandestinement l'aide approtée par les protestants libres aux autres galériens.

Quelle explication ?

Comment fait-on pour passer d'aussi terribles épreuves sans compromis, sans haine et sans s'apitoyer sur soi-même ? Si la foi de jean Marteilhei n'avait été qu'une illusion, elle n'aurait jamais passé aussi victorieusement le test du temps, de la souffrance, du danger. Jamais. Et à cette foi, a répondu la grâce qui a réconforté et guidé, en tout son enfant que Dieu pour des raisons qui appartiennet à lui seul, destinait à nous donner un témoignage si glorieux.

 

Mémoires d'un galérien du Roi-Soleil de Jean Marteilhe, collection "Le temps retrouvé", éditeur : Mercure de France ISBN 2-7152-2287-4.