La pain de vie

Revenir à l'essentiel

Le Dieu de la Bible, le seul vrai Dieu, est souverain. Rien de ce qui arrive, n’arrive sans sa volonté. Ces moments inédits que nous vivons ne sont pas fortuits mais sont permis par Dieu, je dirai même plus

, sont voulus de Dieu. (Je ne m’attarderai pas sur la question de la volonté permissive de Dieu, mais il convient au moins de dire que si Dieu permet, sa volonté est engagée). Je ne m’attarderai pas non plus sur cette question épineuse de la souveraineté de Dieu et de la présence du mal, mais juste citer ce que la confession de foi de Westminster dit sur le décret éternel de Dieu : « 1. De toute éternité et selon le très sage et saint conseil de sa propre volonté, Dieu a librement et immuablement ordonné tout ce qui arrive (Ep 1.11; Rm 11.33; Hé 6.17; Rm 9.15,18); de telle manière, cependant, que Dieu n'est pas l'auteur du péché (Jc 1.13,17; 1 Jn 1.5), qu'il ne fait pas violence à la volonté des créatures, et que leur liberté ou la contingence des causes secondes sont bien plutôt établies qu'exclues (Ac 2.23; Mt 17.12; Ac 4.27,28; Jn 19.11; Pr 16.33). »

Pourquoi ce rappel ? Premièrement, dans ces temps troublés nous avons besoin de paix. Quoi de mieux alors lorsque Dieu nous assure, de sa souveraineté, de son implication totale dans le cours de notre histoire, commune et particulière. Rien n’arrive sans sa volonté, pas même la chute d’un moineau (Mt 10.29), encore moins le Covid-19 ! Cela signifie que nous sommes en sécurité dans les mains de notre Père céleste. En sécurité ne veut pas dire que rien de difficile ne puisse nous arriver, mais qu’en dernier lieu tout ira bien. Nous comprenons que toutes choses concourent au bien de ceux qui l’aiment, de ceux qui sont appelés selon son dessein (Rm 8.28).

Au ralenti, dans le repos forcé

La deuxième raison, c’est que dans sa souveraineté, Dieu a voulu que nous vivions ces temps de confinements. J’ai comme le sentiment que Dieu nous fait entrer dans un repos forcé, un sabbat dans lequel nous-même ne serions pas entrés. Notre pays est à l’arrêt et pour la plupart nous sommes confinés à la maison. Il est vrai que pour plusieurs d’entre nous, nous avons les enfants dont il faut s’occuper et afin que nous puissions assurer la poursuite de leurs apprentissages, une organisation à mettre en place est nécessaire et ce n’est pas toujours simple. Mais malgré tout, nous sommes à l’arrêt ou au ralenti ou à une vitesse bien inférieure à celle de d’habitude. Notre activité professionnelle, nos relations sociales, notre manière de vivre l’Église, beaucoup de nos habitudes sont impactées par cette crise sanitaire, cela sonne comme un coup d’arrêt. Heureusement la technologie nous permet de rester en contact les uns avec les autres.

Le pain de vie

En lisant hier le chapitre 6 de l’évangile selon Jean, cette parole de Jésus m’a fortement interpellé : « Œuvrez, non pas en vue de la nourriture qui se perd, mais en vue de la nourriture qui demeure pour la vie éternelle, celle que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père — Dieu — a marqué de son sceau. » (Jn 6.27). Les hommes à qui il s’adressa ont été les bénéficiaires du miracle de la multiplication des pains et ont été rassasiés. Par la suite, ils ont cherché celui qui les avaient nourris de pain non pour lui-même mais pour le pain qu’il leur donna, pour la bénédiction ! Ainsi en est-il encore de notre génération et nous-mêmes parfois, le peuple de Dieu, nous œuvrons de manière démesurée pour la nourriture qui périt. Il ne s’agit pas de dénigrer le travail et de nous croire au-dessus des besoins matériels mais de remettre les choses à leur place.

Nous sommes prêts à tellement de sacrifices pour obtenir ce qui, pensons-nous, pourra nous rassasier et nous négligeons parfois l’essentiel. Lors du dernier discours de notre Président il disait en substance que ces moments devaient être pour nous l’occasion de revenir à l’essentiel. Dans ce chapitre 6 de l’évangile selon Jean, comme dans les autres chapitres d’ailleurs, Jésus se présente comme l’essentiel, il dira de lui-même : « C’est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui met sa foi en moi n’aura jamais soif. » (Jn 6.35). Pourquoi peut-il dire cela de lui-même ? Parce qu’il sait que notre plus grand besoin est d’être réconcilié avec Dieu et que c’est justement par lui seul que cela peut se faire. Nous avons effectivement besoin de pain pour notre corps mais Jésus sait que notre problème est d’ordre spirituel, il concerne notre relation à Dieu et cela impacte notre vie entière. Ce n’est pas que Jésus nous invite à négliger le travail ou à prendre une fausse attitude spirituelle qui méprise les besoins du corps. Loin de là, mais il veut nous apprendre ou nous rappeler que le pain, fusse-t-il la manne que Moïse donna au peuple de Dieu ne peut résoudre le problème de notre relation à Dieu. Seul lui le peut, lui le Pain de vie ! Quelqu’un pourrait dire qu’il ne se sent pas concerné par ces propos car lui sait très bien que le pain du boulanger ne peut le combler. Sans doute se dit-il cela car lui n’en manque pas. Toujours est-il que ce n’est peut-être pas après ce pain qu’il court mais pourtant il court, il court lui aussi après quelque chose, il se peut quelqu’un, et peut-être même la bénédiction que le Christ apporte, dans l’espoir lui aussi d’être rassasier. Et pourtant en courant après autre chose que le Christ il ne sera jamais comblé. La nourriture pour laquelle il travaille se perdra, elle ne demeurera pas, en tout cas pas pour la vie éternelle.

Alors Jésus dit œuvrez pour cette nourriture là et ses auditeurs de répondre : « Que devons-nous faire pour accomplir les œuvres de Dieu ? » (6.28), Jésus reprit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous mettiez votre foi en celui qu’il a lui-même envoyé. » (6.29). Nous savons que c’est à la sueur de notre front que nous mangerons notre pain et par conséquent nous croyons qu’il en est de même du Pain de vie. Mais Jésus nous dit que l’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez en ce Pain de vie que Je suis. C’est l’invitation du Dieu souverain à nous reposer et à vivre du Pain que Dieu nous donne. Pour cela, il faut bien commencer par nous arrêter, nous y sommes contraints. Puissions-nous durant ces temps d’arrêt, nous nourrir du Pain de vie ! Puissions-nous nourrir de celui qui est l’essentiel.

 

Johan Benouala