Quand nous pensons à Jésus, ce sont ses paroles qui résonnent dans nos cœurs. Ses paroles guérissent, restaurent, encouragent… Nous citons souvent ses paroles. Mais parlons-nous de ses silences ?  Pourtant, certains silences en disent plus que les paroles.

Bien entendu, il y a différents silences :

• Les silences de mort. Ceux que l’on trouve dans certains cimetières…  Tout ce que l’on n’a pas pu dire à l‘autre, de son vivant, c’est trop tard après !
• Les silences devant la souffrance. Souvenez-vous des amis de Job. L’attitude compatissante de ses amis aurait été plus efficace que leur tentative de parole. En essayant de l’aider, de comprendre sa souffrance, de trouver une explication, un sens à sa souffrance. Ils vont l’agacer, le juger… plus que l’aider. Parfois les silences valent mieux que les paroles. Il vaut mieux parfois ne rien dire que de parler et de senfoncer en explications maladroites.  Une poignée de main, un regard, un sourire, un acte d’amour parlent plus que toutes les paroles.
• Les silences gênés des disciples. Dans l’Évangile de Marc 9 :33-34, quand Jésus arrive au milieu des disciples et leur demande: « De quoi discutiez-vous en chemin? ». Les disciples n’osent rien dire à Jésus, ils gardent le silence, car ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.
• Il y a des silences respectueux. Dans Apocalypse 8.1,  « il y eu dans le ciel, un silence d’environ une demi-heure ».  C’est un silence lourd. C’est long une demi-heure. Mais quand Jésus, l’Agneau de Dieu va ouvrir le 7ème sceau, tout le ciel, toutes les créatures du ciel vont retenir leur souffle.
• Et puis il y a des silences de confiance, d’écoute, d’attente. Comme celui du psaume 37:7:  « Garde le silence devant l’Éternel, et attends-toi à lui; Ne t’irrite pas contre celui qui réussit dans ses voies, Contre l’homme qui accomplit de mauvais desseins. »

Mais ce matin, j’aimerai considérer avec vous, les silences de Jésus. Lui le maître en communication, l’homme aux paroles bénies.  Ses silences sont lourds de messages, plus éloquents que des discours.

Nous allons lire, trois textes des Évangiles pour découvrir le message de ses silences.

Le silence de Jésus face aux préjugés

“ Dès le matin, Jésus se rend de nouveau dans le temple, et tout le peuple vient à lui. Il s’assoit et les enseigne. Alors les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère, la placent au milieu et disent à Jésus:

- Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans a loi, nous a prescrit de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu? 

Ils disent cela pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser.  Mais Jésus se baisse et se met à écrire avec le doigt sur la terre. Comme ils persistent à le questionner, il se redresse et leur dit:

- Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre. 

De nouveau il se baisse et se met à écrire sur la terre. Quand ils entendent cela, accusés par leur conscience, ils se retirent un à un, à commencer par les plus âgés et jusqu’aux derniers, et Jésus reste seul, avec la femme qui est là, au milieu.  Alors Jésus se redresse et lui dit:

- Femme, où sont tes accusateurs?  Personne ne t’a condamnée?

Elle répond:

- Personne, Seigneur.

Et Jésus lui dit:

- Moi non plus je ne te condamne pas; va, et désormais ne pèche plus.  (Jean 8.2-11) ”

Le silence de Jésus, devant cet esclandre des religieux, est un silence d’indignation.  Quelqu’un a dit : « Quand la religiosité parle, le Ciel se tait » Ces religieux ne sont pas concernés par la situation de cette femme. Ils n’ont que faire d’être justes ou pas. Ils veulent simplement coincer Jésus et avoir raison. Ils sont jaloux de son succès. Ils sont formatés par un système de pensée et ne sont pas prêts au changement, à se remettre en cause. Et Jésus ne prend pas la peine de discuter.

Parfois, il y a des situations où même le dialogue ne sert de rien. Connaissez-vous ce genre de personnes animées de mauvaise foi ? Elles ne veulent pas se remettre en cause, ni reconnaître leurs torts. Elles vous renvoient vos remarques comme des boomerangs. Toute discussion est stérile ! En Matthieu 7:6, Jésus dit : « ne jetez pas des perles aux pourceaux. » C'est-à-dire ne donnez pas des paroles précieuses  à ceux qui ne veulent pas changer, ceux qui ne veulent pas bouger. Sinon, ils vont retourner les paroles contre vous et vont vous détruire.

Le silence de Jésus devant l’injustice et le mensonge

“ Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus, pour le faire mourir. Mais ils n’en trouvèrent pas, quoique plusieurs faux témoins se soient présentés. Enfin il en vint deux qui dirent: Celui-là a dit: Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours. 

Le souverain sacrificateur se leva et lui dit: Ne réponds-tu rien? De quoi témoignent-ils contre toi? 

Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur lui dit: Je t’adjure par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui répondit: Tu l’as dit. De plus je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel. »   (Matthieu 26:62-63)”

Devant la pression et les accusations mensongères, Jésus garde le silence, il va rester tranquille. L’image du verbe siopao est celle d’une mer calme, tranquille. Jésus ne se laisse pas mettre la pression ! Devant l’injustice envers son égard, Jésus garde le silence. Même Pilate sera surpris de ce mutisme de jésus devant ses accusateurs. Alors qu’il comparait devant lui,  le gouverneur l’interroge en ces termes, dans l’évangile de Matthieu (27.12-14) : « Es-tu le roi des Juifs? » Jésus lui répond: « Tu le dis ». Mais il ne répond rien aux accusations des principaux sacrificateurs et des anciens. Alors Pilate lui dit: "N’entends-tu pas tout ce dont ils t’accusent ?" Et Jésus ne lui donne de réponse sur aucun point, ce qui étonne beaucoup le gouverneur. 

Pourquoi Jésus ne réagit-il pas ? Pourquoi fait-il silence ? Il pourrait se défendre ! C’est son droit !  Mais le procès de Jésus est un procès fantoche, il n’a rien d’un vrai procès, il y a mille et un vices de procédure. Il n’y a rien de juste, de vrai… il y a une multitude de vices de procédure !

• selon la loi du sanhédrin, il était interdit de poursuivre quelqu'un après le coucher du soleil
• l’arrestation a été possible grâce à un traître que l’on a soudoyé par les autorités religieuse en opposition avec la loi mosaïque qui n’autorisait pas à recevoir de présent (Ex 23 :8)
• les juges  participent en personnes à l’arrestation
• Entre l’arrestation et la mort va s’écouler 18 heures. Il va y avoir trois comparutions devant les autorités religieuses (Anne, Caïphe, Sanhédrin) et 3 autres devant Pilate, Hérode et le peuple alors que la Mishna prévoyait au moins 24 heures entre le procès et le verdict.
• Les procès à huit clos étaient illégaux
• Les juifs ne siégeaient pas les jours fériés comme nos tribunaux le dimanche
• Il fallait au moins deux ou trois témoins. Ceci était des faux témoins, n’ont pas prêté serment, et n’avait aucune preuve.
• Ils ont finalement accusé publiquement de blasphème alors que le rôle du sanhédrin était d’enquêter sur les affaires soumises et non de porter des accusations.
• Après l’accusation, ils devaient relâcher l’accusé pour qu’il prépare sa défense. Au lieu de le relâcher, ils le condamnent sur sa propre déposition.
• Le souverain sacrificateur, transgresse le Lévitique en déchirant son vêtement.
• Le vote de peine de mort devait être individuel et commencer par les plus jeunes pour ne pas être influencés par les plus âgés. Ils votent tous ensemble.
• Ses propos ont été déformés et sa défense ne fut pas entendue…

Bien sûr, Jésus fera écho au serviteur souffrant d’Esaïe 53 :7  « Il a été maltraité, il s’est humilié Et n’a pas ouvert la bouche, Semblable à l’agneau qu’on mène à la boucherie, A une brebis muette devant ceux qui la tondent; Il n’a pas ouvert la bouche ». Bien-sur, pour Jésus, c’était sa destinée de mourir sur la croix pour notre péché, mais au-delà de cela, il nous montre un exemple.

« Il y a un  temps pour parler, un temps pour se taire », dira Ecclésiaste. De même que devant le refus de changement et la mauvaise foi, la discussion est vaine ; devant les calomnies, et les fausses accusations, il faut savoir se taire, et s’en remettre à Dieu.

Nous ne pouvons pas empêcher les gens de parler derrière notre dos, de nous salir, …  Les gens parleront toujours ! Il y a ceux qui voudraient faire comme vous, et qui sont pas content, ceux qui voudraient faire le contraire, et sont pas contents, et il y a ceux qui sont toujours mécontents, que ce soit au boulot, dans le voisinage, dans la famille ou parfois dans l’église.

Batailler, discuter, tenter de convaincre, se justifier ne sert parfois à rien… il y a certains combats qui nous épuisent. Laissons nos situations entre les mains de notre Dieu. Dieu est notre juste juge, Christ notre avocat. La seule chose que nous pouvons rappeler à notre accusateur, c’est qu’il est vaincu par le sang du juste qui crie plus fort que celui d’Abel !! C’est Dieu qui aura le dernier mot !

Soyons intelligent, sachons garder le silence. À un moment donné, il n’y a plus rien à dire. La défense de la vérité à tout prix est parfois pire que l’accusation elle-même. N’utilisons pas les mêmes armes que l’adversaire. Je ne parle pas ici de l’injustice par rapport aux autres mais par rapport à soi !! Il nous faut défendre le faible et l’opprimé comme Amos le fait mais pour le reste : laissons aboyer les chiens, la caravane passe !

Parfois, les injustices et mensonges, se retrouvent dans la famille ou la belle famille. Certains couples ou famille ont aussi l’art d’attiser les conflits. Ils se cherchent et se provoquent. Je suis le premier à dire qu’il faut rapidement régler les conflits. Paul, dans l'épître aux Éphésiens 4:26 nous encourage à ne pas nous coucher sur notre colère, afin de ne pas donner accès au diable. C’est pourquoi il y a un danger à différer les différends. Mais il y a aussi des moments pour le faire. Parfois, il faut savoir rien dire plutôt que de rallumer la querelle. Proverbes 26.20 déclare : « Faute de bois, le feu s’éteint ; et quand il n’y a point de rapporteur, la querelle s’apaise ».

Jésus n’entre pas dans le piège de la provocation, du harcèlement, des accusations mensongères mais se remet entre les mains du juste juge !

Le silence de Jésus devant la curiosité malsaine

“ Lorsqu’Hérode vit Jésus, il en eut une grande joie, car depuis quelque temps il désirait le voir à cause de ce qu’il avait entendu dire de lui,  et il espérait lui voir faire quelque miracle. Il l’interrogea assez longuement, mais Jésus ne lui répondit rien.  Les principaux sacrificateurs et les scribes étaient là et l’accusaient avec véhémence. Hérode, avec ses gardes, le traita avec mépris; et après s’être moqué de lui et l’avoir revêtu d’un habit éclatant, il le renvoya à Pilate. (Luc 23: 8-11) ”

Hérode est un homme avide de spectaculaire, d’émotion. Cet Hérode volubile, par ses nombreuses et longues questions, fait face au silence tranquille de Christ.  Hérode voulait se divertir, pas d’avoir les réponses à ses questions.  C’est une curiosité mal placée. « Voilà celui qui fait des miracles. On va s’amuser ». Jésus se tait devant les préjugés, devant les accusations mensongères, mais aussi devant la curiosité malsaine

N’acceptons pas comme Jésus de nous laisser tirer les vers du nez !! Répondons par un silence réprobateur aux commères, à ceux qui veulent tout savoir tout sur tout. Et qui croit avoir du pouvoir, car ils ont du savoir. 

Il y a certaines choses qui se rapprochent plus du vidage de poubelle que de l’information. Paul dans Éphésiens 5:3 nous dit « que ses choses ne soit même pas mentionnées (ou écoutées  -certains manuscrits) parmi vous comme il convient à des saints »

Plusieurs d’entre nous aiment à penser que « juste écouter », les cancans n'est pas aussi coupable que de les répandre. Ce n’est pas vrai ! Dieu déclare : " Le méchant est attentif à la lèvre inique, le menteur prête l'oreille à la langue pernicieuse" (Proverbes 17:4), et dans 1 Samuel 24:la, David exhorte ainsi Saul: « Pourquoi écoutes-tu les propos des gens qui disent : Voici, David cherche ton malheur ? ». Oui, pourquoi écoutons-nous ? Pourquoi sommes-nous tellement disposés à croire le pire ? La Bible dit : "L'amour espère tout"  et « il ne soupçonne pas le mal » (1 Cor 13 :7).

Combien d’équipes, de groupes, d’églises, de familles et de couples ont été mis à mal par des gens bien-pensant, rapportant une vision déformée, des bribes de propos, de ressentis d’une situation. Si tu n’es pas prêt à t’engager devant Dieu à intercéder devant Dieu, tous les jours pour elle ou pour lui, ou pour cette situation, je ne te dirai rien. Car tu es comme Hérode, tu ne veux juste savoir mais tu n’es pas prêt à agir !!! 

Que Dieu nous aide, à savoir reconnaître les Hérodes et à savoir nous taire devant eux !

Conclusion

Le Psaume 65:1 nous dit : « Le silence est louange » Écoutons ce que Dieu veut  nous dire.

• Si Dieu se tait… peut-être c’est que nous sommes trop pris par nos préjugés, que nous ne pouvons pas entendre.
• Si Dieu se tait … peut-être que nous sommes pleins de mauvaise foi, ne voulons pas reconnaître nos torts, et que le ciel est d’airain.
• Si Dieu se tait… c’est que nous sommes plus enclins au potin qu’à la prière.

Nous voulons que Dieu nous parle, peut-être le fait-il déjà par son silence…   

Alors faisons cette prière à Dieu ce matin : parle, ton serviteur, ta servante écoute.