Christmas gifts by Rknds sxc.hu

Gâtons-nous trop nos enfants ?

Plus de douze ans séparent mon fils Paul de ma fille aînée Louise. J'ai pu pourtant observer durant cette période,

l'importante évolution des mentalités de consommation : influence croissante des marques et du style vestimentaire dés le primaire, prolifération des gadgets inutiles, omniprésence des produits dérivés des films et dessins animés... Acheter et avoir deviennent un mode de pensée et le supermarché, un lieu plus attirant que le jardin d'enfant (Prov 14.30).

Un vieux pasteur me confiait : les enfants gâtés sont les plus ingrats, les moins forts dans la vie et les moins heureux. Pour ces raisons, aider nos enfants à sortir de cette folie consommatrice et du diktat du "tout, tout de suite" est une urgence. Apprenons-leur le contentement, la patience, la gratitude et même... la frustration (Philippiens 4.11-13). Car contrairement à ce que les psys nous ont martelé dans les années 70, la frustration n'est pas forcément un sentiment négatif. Le manque est le moteur du désir. À force d'avoir TOUT, nous finissons par n'avoir plus goût à RIEN!

« Qu'est-ce qui te ferait plaisir, mon chou ? » dit la maman à son petit garçon de trois ans.

Les générations passées transmettaient le message, parfois inconscient, à leurs enfants : « Dans la vie, on ne peut pas TOUT avoir ». Ces parents communiquaient d'emblée la notion de frustration. L'enfant s'aguerrissait et engageait le mécanisme de l'effort pour obtenir le fameux "tout" à avoir.

Notre société d'abondance et les approches pédagogiques évitant de frustrer ces petits, ont engendré une société sans désir et blasée, une génération d'enfants gâtés.
Comment faire alors pour lutter contre ces publicitaires qui dépensent des sommes astronomiques pour attiser l'appétit insatiable de ceux que l'on appelle aujourd'hui les "enfants consommateurs" (1 Jn 2.16-17).

Devant cette surenchère de produits à avoir absolument, beaucoup de nouveaux parents sont parfois à court de repères pour distinguer l'essentiel de l'accessoire. Pour pouvoir se positionner face aux nombreuses sollicitations dont nos enfants et nous, sommes l'objet, posons-nous trois questions :

Mon enfant mérite-t-il cet achat ?

Références bibliques : Proverbes 31.31, 1Corinthiens 3.8, 1Timothée 5.18, 2 Jean 1.8

La notion de mérite ne fait pas tant référence à la performance de l'enfant qu'à son attitude. Nos filles ont toujours bien réussi et nous les récompensions en fin d'année par un livre ou un petit cadeau en cas de bon résultat. Même si nous pouvons encourager l'excellence sur la médiocrité, nous savons que tous les enfants n'ont pas les mêmes capacités.

Mais nous donne-t-il satisfaction ? Les attentes que nous pouvons légitimement espérer de notre enfant ne devraient pas être très élevées : donner le meilleur de soi dans ce qu'il fait, témoigner un minimum de considération de son entourage (acquisition des fondamentaux : merci, s'il vous plait, bonjour, excusez-moi...), prendre soin de lui et de ses affaires (se laver, ranger sa chambre...). Si le minimum n'est pas répondu, pourquoi lui ferions-nous plaisir ? L'enfant se dit : quelque soit mon comportement, j'ai le jouet, les bonbons ou le vêtement que je voulais !

En a-t-il besoin ?

Références bibliques (Prov 1.1-6, 1Thess 5.21, 1Cor 6.12, 10.23)


La notion de besoin est plus difficile à cerner. Nous confondons parfois le besoin et le désir ou l'envie. Pour l'enfant ou l'ado, ce vêtement, cette casquette, ce jeu ou ce gadget technologique est un impératif sous peine de paraître "has been". C'est une question d'image et d'intégration pour lui. Nous devons tenir compte du moment de l'achat. Entre la stricte logique utilitaire, et l'excès de consommation, il est bon d'instaurer un dialogue pédagogique en travaillant sur la véritable utilité de l'acquisition.

En ai-je les moyens ?

Référence biblique : Prov 30.8-9

Cette question vous parait superflue, pourtant certains parents contractent des crédits au moment de Noël pour que leur progéniture puisse avoir sa liste de cadeau. Vêtements de marque, parcs de loisir, téléphone high-tech avec abonnement, on ne refuse rien à ces petits, quitte à exploser le budget familial. Savoir leur dire non, et leur expliquer que ce mois-ci, les finances ne le permettent pas, ne peut être que formateur pour l'enfant.

In fine, la question la plus importante ne serait-elle pas : pourquoi donnons-nous ? Quand un parent donne à son enfant sans discernement :

  • soit il est incapable de lui refuser quoi que ce soit, par peur de perdre son affection, démontrant par là que son besoin d'être aimé prévaut sur celui de son enfant (Romains 13.8).
  • soit il va au devant des demandes de l'enfant pour acheter son affection ou compenser son absence, mais le prive se faisant de l'essentiel : sa présence aimante.

Ce qui explique que des enfants, matériellement comblés durant leur enfance, se retrouvent souvent en situation de difficulté personnelle à l'âge adulte, ce n'est pas qu'ils ont trop reçu mais qu'ils ont mal reçu.

Plutôt que de blâmer les publicitaires, construisons notre enfant dans l'amour, nous éviterons de faire de lui un consommateur compulsif et jamais satisfait.

David Mastriforti