Que la paix soit avec vous

Que la paix soit avec vous

David Mastriforti nous laisse une dernière parole de Jésus à méditer sur ce chemin de Pâques, souvent douloureux mais toujours exaltant : que la paix soit avec vous. pas n'importe quelle paix, la paix du Seigneur.

Dimanche, lecture : Jean 20:11-29

Les actualités internationales, comme le bombardement de la Ghouta orientale, nous indignent. Ces scènes de mort hantent nos écrans et nos conversations. En ce dimanche de Pâques, par un esprit contraire, c’est un écho de vie, de paix, et d’espérance que je voudrais faire retentir.

Il est juste de penser, comme chrétien, que la croix et la résurrection sont des évènements extraordinaires pour notre salut et les fondements de la vie chrétienne. Mais les évènements autour de ces deux faits ne sont pas aussi glorieux que nous pourrions le penser ! Les circonstances et l’état d’esprit qui régnaient alors chez les disciples étaient proches de ceux d’aujourd’hui, face aux évènements du monde :  peur, inquiétude, indignation, impuissance, désespoir.

Quand Jésus est arrêté, « tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite. ». Seul Pierre le suit de loin pour finalement, finir par le renier trois fois. Ils sont désemparés et ont perdu tout espoir. 

Le matin de Pâques, quelques femmes trouvent le tombeau vide et vont partager aux apôtres la nouvelle. Leurs paroles « leur apparurent comme une niaiserie et ils ne les crurent pas». Pierre et Jean vont, quand même, vérifier et voir le tombeau vide, la Bible dit « ils ne comprennent toujours pas l’Ecriture selon laquelle le Christ devait ressusciter »

Marie de Magdala raconte alors sa rencontre avec le ressuscité, ils ne peuvent pas encore croire. Ils se disent : « ça y est, ça va nous retomber sur le dos, les principaux prêtres vont nous faire saisir et les romains vont nous juger comme révolutionnaire, troublant l’ordre public ».

Les apôtres sont découragés, apeurés, ils se renvoient la balle, cloisonnés dans leur lieu de réunion.  Ils sont enfermés sur eux, dans leurs déceptions, leurs craintes, le découragement, les disputes… Jésus vient vers eux avec l’esprit de la résurrection et de la vie pour leur communiquer : « La paix soit avec vous ».

Pourquoi les apôtres étaient-ils dans le trouble ? Ils avaient une mauvaise conception des choses. Ils pensaient qu’ils règneraient à Jérusalem avec Jésus, et avaient dans leur tête dans des projets glorieux. Ils étaient pleins d’espoir. Ils allaient changer le monde : Jésus prendrait le pouvoir, c’était lui le roi, le messie, le libérateur promis. Ils allaient mettre les romains dehors et Israël retrouverait sa place. Mais en définitive, cela ne s’est pas passé comme ils le pensaient, comme ils le voulaient. Leur espérance s’effondrait.

Durant ces trois jours, ils étaient ensemble. Quelle atmosphère pensez-vous qu’il régnait dans la pièce ? Ils devaient chercher un coupable à cette tragédie. Ça devait se disputer. Pierre amer, peut-être critique : « où étiez-vous, vous êtes des lâches, nous aurions pu le sauver ». « Et toi, » , réplique les autres «  tu peux parler, tu l’as bien renié ». Comment cela s’est passé durant ces trois jours ? Ils étaient à leurs yeux, dans une situation d’échec.   

Connaissez-vous ces moments ? Vous aviez des rêves, des projets dans la vie mais rien n’a marché comme vous l’aviez prévu : échec dans la famille, dans vos relations, ou vos projets de travail.

Alors qu’ils ne savent pas où ils en sont, tout d’un coup, il est là. Jésus leur apparaît :  « La paix soit avec vous… »

Toutes ces culpabilisations réciproques, ces échecs, ces accusations s’évanouissent.  « La paix soit avec vous… »

Ce message, c’est plus qu’une salutation coutumière. Dans ces circonstances, la réalité de cette parole dans la bouche de Jésus prend du poids. Jésus la répète deux fois. Il insiste : « La paix soit avec vous… la paix soit avec vous »

A cette parole, ses disciples se sont certainement souvenus de ce qu’il leur avait dit avant de mourir : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas et ne s’alarme pas. »  (Jean 14.27)

Mais la paix de Jésus n’est pas seulement collective. Elle est individuelle. Il manquait un disciple ce jour-là. Thomas, appelé Didyme. Thomas en avait certainement marre de ces critiques. Il s’était retiré, il avait pris du recul. Judas les avait trahis. Les autres se chamaillaient. Il avait une perte de confiance des uns et des autres.

Et quand les disciples viennent le chercher en disant « le Seigneur nous est apparu », il est terriblement négatif, et amer : « si je ne vois pas les marques de ses clous, je ne croirai point ». Quel désespoir !

Quand nous entendons beaucoup de choses négatives de la part de ceux qui aurait dû être des amis, nous finissons par perdre la foi et la confiance dans l’avenir. Thomas  est un homme brisé, déçu, coupé de la communication avec ses proches. Mais Jésus va parler de façon personnelle à Thomas, alors qu’il rejoint le groupe. Thomas est précieux pour Jésus : «Thomas, tu fais partis de mes amis, tu as ta place ». Alors Thomas s’effondre et dit « mon Seigneur et mon Dieu ». En ce matin de Pâques, en souffrance dans ton âme, en échec dans tes relations, accepte la salutation de Jésus : la paix soit avec toi.  

David Mastriforti