Donkey Salvajes by Jose Antonio Carrasco cc

L'ânesse de Béthanie

Souvent dans la Bible, un détail insignifiant à première vue, est porteur d'un précieux enseignement pour qui veut bien passer du temps à la lire avec attention. Ce dimanche, la chrétienté a célébré le "Dimanche des Rameaux"

qui commémore l'entrée triomphante de Jésus dans Jérusalem, montant un ânon, sous les vivats de la foule. Seulement 5 jours plus tard, cette même foule approuvera la condamnation injuste de son sauveur et le conduira à son supplice sous les moqueries et les injures.

Les quatre évangélistes nous rapportent cet évennement : les branches et les vêtements étendus sur le chemin, Jésus chevauchant l'ânon, mais un seul, Matthieu (Matthieu 21:1-11) nous rapporte, qu'à la demande de Jésus, à côté de l'ânon, il y avait une ânesse.

Qu'est-ce que cela ajoute à notre histoire pouvons-nous nous demander, car nous savons que les évangélistes n'ajoutent des détails à leur narration qui si ceux-ci apportent une valeur ajoutée spirituelle. Alors, je ne crois pas qu'il y a une seule réponse, mais voici la mienne.

Une présence rassurante, un exemple d'obéissance

Jésus avance donc, juché sur un ânon, et à côté d'eux trotte l'ânesse. L'ânon était jeune et il n'avait jamais été monté auparavant. Si Jésus a demandé que l'ânesse l'accompagne, c'est qu'il savait que pour accomplir la mission de porter Jésus à l'heure de la gloire, à l'heure des clameurs et de la foule qui se presse, il fallait à l'ânon la présence rassurante de sa mère et l'exemple de sa patiente obéissance.

N'en est-il pas ainsi dans l'Église de Christ ? Certains jeunes sont appelés par le Seigneur pour accomplir une mission, comme par exemple conduire le peuple de Dieu dans la louange, apporter des encouragements, prendre en charge un service, un groupe de maison. La jeunesse apporte de la force, de l'enthousiasme, de la créativité.

Ces jeunes reçoivent donc une charge, mais livrés à eux-mêmes, ils peuvent être effrayés par la nouveauté de la tâche, décontenancés par les réactions de la foule, ou craindre de se tromper de chemin. Qu'ils soient rassurés par les anciens, par leurs témoignages, par leurs conseils, par leur bienveillance.

L'ânon aurait pu avoir la tentation de vouloir se passer de l'ânesse : "Pourquoi est-ce qu'elle est là ? Elle a fait son temps, elle est ringarde, place à la modernité !". Il y a ainsi des ânons, pardon je veux dire des jeunes, qui par orgueil, passent à côté de leur appel. Leur service alors s'étiole, devient médiocre, voire destructeur.

Accompagner sans vouloir diriger

Jésus avait appelé l'ânesse pour marcher à côté de son petit. Je ne sais pas ce qu'elle a pensé quand elle a vu Jésus juché sur son petit. "Tu vas l'écraser, ce n'est qu'un enfant" ou "Il ne va pas avoir la force" ou "Il aura peur de la foule". Les parents ont tendance à être protecteurs, trop parfois (suivez mon regard). Sachons avoir confiance en Jésus. Quand il appelle à son service, il donne les moyens de l'accomplir et un de ces moyens, c'est précisément la présence des aînés au côté des plus jeunes. Car les aînés ont été tout autant appelés au service, que les plus jeunes, mais à un rôle différent.

Ce n'est pas facile d'être une ânesse, déjà qu'on traîne une réputation d'animal pas très malin, un peu rétif... Ce n'est pas facile de laisser la place à un autre quand on sait mieux faire le travail, quand on a l'expérience, elle qui connaissait les rues, les odeurs, les bruits. Pour elle aussi c'était une nouveauté, d'accompagner et de ne plus faire soi-même. Ce n'est pas facile de changer de rôle, de lâcher prise. Mais si notre ânesse a accepté ce nouveau service de bonne grâce c'est que voilà, cet ânon, ce n'était pas n'importe quel ânon, c'était son petit. Ainsi, réjouissons-nous de voir nos jeunes accéder aux responsabilités.

Partager la gloire

Que le Seigneur donne aux aînés cette grâce de se réjouir et d'accompagner le succès des plus jeunes, leurs fils et leurs filles. L'ânesse n'avait rien d'autre à faire que de trottiner à côté de son petit, d'être là, de lui montrer le chemin. C'est dans l'accomplissement de ce service d'humilité qu'elle a pu participer à la gloire de Jésus, avec son ânon.