Plus grand sportif de tous les temps

Le plus grand sportif de tous les temps

Alors que les jeux olympiques battent leur plein, nous assistons avec enthousiasme, aux exploits de sportifs qui dépassent les limites de ce qu'on croyait réalisable. C'est une comédie humaine aux accents tragiques, où se mèlent espoirs et déceptions, gloire et honte, intégrité et suspicion. Les commentateurs sportifs, à court de superlatifs s'égosillent pour défendre leur point de vue que tel ou tel compétiteur est le "plus grand athlète de tous les temps".

Mais qui est le plus grand ? De toute évidence, celui dont les réalisations sont les plus grandes ! Pourtant, qui sait quels chronos un Jesse Owens, qui, à Berlin, humilia par ses performances le régime raciste de Hitler, ou un Mark Spitz aux 7 médailles olympiques de natation à Munich, auraient réalisés avec les conditions d'entraînement et de préparation physique qui prévalent aujourd'hui ? Ou, comment comparer une course de fond à celle d'une compétition de natation ? Que sait-on des performances des athlètes de l'antiquité ? On voit que cette quête de savoir qui est le plus grand est bien subjective.

Jésus a été plusieurs fois confronté à la vanité de ses disciples, qui voulaient des places d'honneur, ou qui désiraient savoir qui était le plus grand : “[...] Jésus leur demanda : De quoi discutiez-vous en chemin ? Mais ils gardèrent le silence, car en chemin ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Alors il s’assit, appela les douze, et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous. Et il prit un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, et l’ayant pris dans ses bras, il leur dit: Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même ; et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi, mais celui qui m’a envoyé.” (Marc 9:33-37 LSG). Plus tard encore il laisse à ses disciples “Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.” (Matthieu 23:11 LSG)

On voit qu'avec une telle définition, quoiqu'il soit très sympathique, Usain Bolt ne remplit exactement les conditions dessinées par Jésus ! À ce concours là pourtant un homme se détache : un athlète remarquable, qui fut le plus humble : Éric Lidell, un coureur écossais, surnommé "l'Écossais volant",  qui a remporté l'or au 400m des Jeux de Paris en 1924. Le film "Les chariots de feu" de Hugh Hudson qui remporta 4 Academy Awards (les oscars), retrace les parcours comparés des coureurs anglais et en particulier, de Harold Abraham qui remporta le 100m et d'Éric Liddell, celui du 400m. Ce film a ceci d'intéressant, qu'il expose les motivations profondes de ces deux athlètes : Abraham, qui veut renverser la barrière sociale de l'antisémitisme, et Liddell, un chrétien militant, qui court pour la gloire de Dieu.

Éric Liddell devait se mesurer aux autres compétiteurs du 100m, mais comme les qualifications se couraient le dimanche (jour qu'il considérait comme sabbat), il fut inscrit par sa fédération sur le 400m, distance qui n'était pas sa spécialité. Pourtant, non seulement il remporta l'or, mais avec un style pourtant totalement inapproprié, il battit le record du monde et même son record personnel de 2 secondes ! Dans cette même compétition il remporta aussi la médaille de bronze du 200m. Son co-équipier, Harold Abraham disait de leur rivalité : “J'étais plus rapide, mais Éric était meilleur.”

Éric naquit en Chine, de parents missionnaires, revenu en Écosse puis à Oxford pour ses études (biologie et théologie). Capitaine des équipes de cricket et de rugby de ses universités, il se fit connaître par ses exploits sportifs hors du commun, sur toutes les distances du sprint. En rugby, il joua 7 fois en international pour l'Écosse et s'est cassé la clavicule à plusieurs reprises ! Son style de course était pour le moins inhabituel : il terminait, la tête renversée et la bouche grande ouverte et les tous derniers mètres, les yeux fermés ! Un de ses hauts faits fut qu'au cours d'une rencontre entre Angleterre, Ecosse et Irlande, un des concurrents le fit tomber hors de la piste du 400m, il se releva, alors que ses compétiteurs avaient 20m d'avance et les battit au finish avant de s'écrouler  ! 

Mais l'histoire ne s'arrête pas là, et c'est là précisément qu'elle devient intéressante. Alors que la gloire sportive lui ouvrait toutes les portes, après avoir terminé ses études, un an après, en 1925, il abandonnait tout pour retrouver la mission en Chine à Tientsin (Tainjin) and plus tard à Siaochang. Pendant la IIème guerre mondiale, en 1941, alors que les troupes japonaises menaçaient la mission, les autorités anglaises firent évacuer les non-combattants et la famille de Liddell partit au Canada. Lui choisit de rester et de servir dans une mission rurale pour s'occuper des pauvres et des malades. En 1943 il fut interné par les Japonais dans un camp à Weishien, où les conditions de vie étaient très précaires. Deux livres sur la vie dans ce camp rapportent qu'Éric Liddell se comporta en leader pour faire cesser les rivalités, partager les ressources, proposer des études bibliques, organiser des matchs qu'il arbitrait et enseigner la science aux enfants.

En 2008 aux Jeux de Pékin, les autorités chinoises révélèrent que pendant son internement, un accord avait été trouvé avec les Japonais pour un échange de prisonniers, afin de le libérer, à la demande de Winston Churchill, mais qu'il avait cédé sa  place à une femme enceinte. Éric Liddell est mort 5 mois avant la libération du camp, d'une tumeur au cerveau et surtout d'épuisement. Sur son mémorial, on lit le verset d'Ésaïe 40:31 “[...] ils prennent le vol comme les aigles ; ils courent, et ne se lassent point.” 

Et nous ? Parmi ceux qui me font l'amitié de me lire jusqu'au bout, il y a peut-être des sportifs de haut niveau comme Usain Bolt, Teddy Riner, Michael Phelps ou même Éric Liddell, mais nous sommes tous appelés à entrer dans la course la plus importante : celle de la vocation céleste, pour pouvoir dire, le moment venu, comme Paul à Timothée “J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi.” (2 Timothée 4:7 LSG).