Quelques jours après l'horreur, pourquoi revenir avec un article de plus ? Est-ce que tout n'a pas été dit, dessiné, filmé, pris en photo, hashtagué,

depuis ce fatal soir du vendredi 13 qui nous a tant affligés ? Rien ne sert en effet d'ajouter une nouvelle expression devant l'horreur, l'indignation et la compassion qu'ont suscité en nous les images de ces terribles événements. Pourtant, même si elle est faible, une lueur d'espoir est apparue sur les réseaux sociaux et nos écrans, entre les images, la colère, la défiance, les avis d'experts : ces mots en anglais : "Pray for Paris" par centaines, puis par milliers, puis plus d'un million. Prie pour Paris !

À rebours de la sécularisation de la société

Prie pour Paris ! Mais c'est totalement à rebours de la sécularisation de la société ! On se veut laïque, mais on va bien plus loin, on exclut toujours plus Dieu de l'espace public ; "Prie pour Paris", alors que des lobbys divers appellent fanatiquement à l'interdiction des religions et s'attaquent avec une rage sans précédent à toutes les institutions qui les représentent et tous les principes multimillénaires qui en découlent, comme la famille, le respect de la vie, la sexualité ; alors qu'on en vient à débaptiser les fêtes et vacances trop "chrétiennes"...

Prie pour Paris ! Alors qu'on a fait beaucoup de choses pour tenter de maîtriser la folie humaine : l'écoute, la tolérance, l'éducation, la prison, l'armée patrouillant les centres de communications, le renseignement, les écoutes... Et à chaque attentat, sa kyrielle de nouvelles mesures : des renforts de police, des bombardements plus intensifs à l'étranger, des invasions plus profondes dans la vie privée et la limitation des libertés individuelles, peut-être une réforme constitutionnelle... Tout cela alors qu'on sait bien au fond de nous-même que rien n'arrêtera ces êtres démonisés, abusés par une religion violente qui promet un au-delà délirant (72 houris!) à ceux qui se transforment en machines à tuer.

Une page s'est tournée

Prie pour Paris ! Parce qu'une page de notre histoire est tournée ; parce que se distraire, boire un verre à la terrasse d'un café avec ses amis, voir un match de foot ou un concert de rock et même simplement aller à son travail ne va plus de soi comme du temps de notre insouciance. Prie pour Paris ! Parce qu'il faut redonner du sens à une histoire qui nous échappe et qu'on ne comprend plus. Parce qu'il n'y a personne d'autre vers qui se tourner.

Prie pour Paris ! Mais pourquoi ? Ceux qui écrivent cela sur leurs murs Facebook, ce sont les mêmes qui nous disaient hier que Dieu n'est qu'une béquille mentale que nous nous imaginons pour nous aider à avancer dans la vie, pour nous aider à la supporter ou que l'idée même de Dieu n'est qu'un réconfort autant lénifiant qu'illusoire, face aux éternelles angoisses de l'homme : l'origine, la destinée, la souffrance, la mort ?

Ils ont changé d'avis, tant mieux, mais est-ce qu'il n'y a pas de la vanité à prier pour demander que Dieu fasse notre volonté, tandis que nous nous refusons à faire la Sienne ?" Notre Père qui es aux cieux, que MA volonté soit faite..." Pourquoi ferait-il quelque chose pour des petits êtres arrogants et violents qui ne font même pas l'effort d'essayer de croire en lui, de le rechercher, malgré toutes les preuves de Son amour ? Dieu aurait-il une dette envers nous ? Non, bien sûr. Des dettes, non ; de l'amour, oui ! 

Gardez vos prières !

C'est vrai, tous n'appellent pas à prier pour Paris. Il en est même qui disent : "gardez vos prières, de quel droit priez-vous pour nous ?" À y réfléchir, cette position est étrange et, en dernière analyse, elle accorde une efficacité à la prière, car à quoi bon protester de quelque chose qui n'aurait pas de pouvoir, pas d'existence ? C'est que derrière ce qui est pour certains l'expression d'une colère, il y a de la rébellion, comme si ils comprenaient intuitivement le sens de ce qui se passe et se refusaient à s'y soumettre : "Je n'ai pas besoin de Toi, je veux me débrouiller tout seul". Il est curieux enfin de refuser une marque d'amour et de compassion, mais après tout, c'est une affaire entre eux et leur Dieu, laissons-les, le Saint-Esprit n'en a pas fini avec eux, on ne guérit pas si facilement d'idées préconçues.

Mais qui prier ?

Prie pour Paris ! Mais qui prier ? Je voudrais t'écrire à toi qui a ce désir dans le cœur : prie le Dieu des chrétiens, prie le Dieu de la Bible, prie Jésus-Christ, celui qui était doux et humble de cœur, celui qui a donné sa vie pour toi. Mais tu me diras pourquoi Lui plutôt qu'un autre. Alors, Je ne te dirai pas de te tourner vers une religion, ou même toutes les religions, car ces religions, elles sentent trop l'homme, trop le prêtre, trop le fabriqué. Prie pour Paris, même si tu ne sais quel dieu, prie car je Le connais trop pour ne pas savoir que tes prières, sincères, ces prières avec les tripes, vont toucher son cœur, car Lui les entendra et c'est Lui qui te dirigera à Lui.

C'est toi qui doit changer

Prie pour Paris ! Mais surtout prie pour toi ! Car vois-tu ce ne sont pas seulement eux, les fanatiques qui doivent changer. Ce n'est même pas le monde qui doit changer, mais c'est moi, toi, nous. Pendant des années on a cru qu'en changeant les conditions de vie de l'homme et son éducation, ses aliénations disparaîtraient, les richesses seraient également distribuées, la violence disparaîtrait. Au contraire, cela ne fait qu'empirer. Grave. Alors pour changer le monde, il te faut changer toi-même, parce qu'il faut voir le monde autrement : pas comme quelque chose au centre duquel l'homme prétend règne souverain, mais un espace dans lequel Il règne et dont tu es une infime partie, infime mais importante, infimer mais aimée, utile. C'est-ce que Jésus est venu prêcher ; le royaume de Dieu.

Prie pour Paris ! C'est-ce que nous avons fait dans cette minute de silence, la prière "laïque" et j'espère que François, Manuel, Bernard et les autres en ont profité pour l'adresser à Lui, cette prière, pour demander la sagesse nécessaire pour protéger la nation, notre pays, la France.