Sur un banc public

Le chemin vers le salut de Patrice R. passe par un banc public à Pontoise, un bol de Ricoré à Lahore et.des rencontres avec des hommes qui sauront lui montrer l'amour de Dieu.


Trouvé sur un banc.

J’étais assis sur un banc public, en face de la poste de Pontoise. Je réfléchissais à la meilleure méthode pour me suicider. Ma question ce n’était pas ‘si’ mais ‘comment’. Je sortais de 7 mois de prison pour violence sur un policier. Je n’avais pas de domicile. Je n’avais pas de boulot. Je n’avais pas d’amis: ils refusaient de m’héberger après avoir bien tiré de moi tout ce qu’ils pouvaient. Quand je suis allé la voir, ma mère ne m’a même pas donné un bol de café. J’avais fait le désert autour de moi, jusqu’à l’assistante sociale qui m’avait fermé sa porte.

A 40 ans, une vie gâchée. Pourtant des éducateurs s’étaient occupés de moi, j’avais obtenu un diplôme de dessinateur industriel je pouvais prétendre à un bon travail, mais j’ai gaspillé ces chances avec l’alcool et la drogue.

Un homme en costume est sorti de la poste vers sa voiture. Plus tard, j’ai appris qu’il s’appelait Marcel. Il a ouvert la portière. Il m’a regardé, a hésité, puis finalement il a fait un geste vers la boîte à gants pour en ressortir un petit livre. Il est venu vers moi et m’a demandé s’il pouvait s’asseoirsur le banc :

- C’est un banc public

- Ça n’a pas l’air d’aller!

- Pas du tout. Ça se voit tant que ça?

- Est-ce que tu crois en Dieu?

- Oui, mais je ne pense pas qu’il me pardonnera ce que j’ai fait


Un grand bol de café

Me pardonner? Après tout ce que j’avais fait? J’avais eu un premier contact avec l’évangile des années avant, à Lahore, au Pakistan. Ce que je faisais là-bas? Du trafic. Je survivais, je vivais dans les bas-fonds pour me droguer. A mon départ, on m’avait parlé d’un missionnaire américain. J’étais allé le voir, sans plus. Deux ans après j’étais rattrapé par la police pakistanaise. Ils m’ont détenu et battu à tel point que j’étais devenu sourd. J’ai crié vers Dieu, je l’ai même insulté. Sans papiers, j’étais affaibli et malade. Une nuit j’ai fait un rêve d’un grand bol de café de Ricoré, pardon pour la pub mais vous verrez, ça a son importance. C’était curieux parce que si j’aime le café, je ne tiens pas trop au Ricoré.

Je suis allé revoir ces missionnaires que j’avais rencontrés à mon arrivée. Ils m’ont reconnu et ils ont pleuré et m’ont serré dans leurs bras. La dame m’a proposé du thé ou du café. Vous avez compris que je voulais du café. Alors elle a sorti une grande boîte de …Ricoré! Je me suis souvenu de mon rêve. Vous ne pouvez pas savoir l’effet que ça m’a fait: hou là il y a quelque chose!

J’ai passé 20 jours chez eux. Ils priaient avec tout leur groupe pour moi, dans des drôles de langues. Dans la journée je sortais quand même pour ma drogue. Penser que je prenais la place de quelqu’un me mettait mal à l’aise, alors je suis parti. Comment j’ai pu avoir un nouveau passeport et un billet d’avion est totalement miraculeux, mais je suis rentré en France…pour me retrouver des mois plus tard sur ce banc avec ce drôle de bonhomme.

- Si tu crois, tu verras qu’il te pardonnera

Il m’a parlé de Jésus et m’a proposé de venir avec lui, il se rendait à l’assemblée. Je suis né à Pontoise, mais je ne savais pas qu’il y avait une église à cet endroit là.


Rue Thiers, devant l'église.

J’en connaissais une, rue Thiers. Tous les vendredis soir, après avoir passé la soirée à boire, j’étais attiré par cet endroit, j’écoutais les sons qui sortaient de cette salle de réunions depuis le trottoir d’en face. Ils priaient, ils chantaient. Quand ils sortaient dans la rue, c’était des embrassades. Ils avaient l’air heureux. Moi j’étais triste, l’abrutissement de la boisson me quittait. J’avais bu l’argent de la semaine. J’allais retourner dormir dans ma cave. Oui, je dormais dans une cave.

Une fois, avec les copains, on a voulu entrer mais comme on était ivres, le pasteur n’a pas voulu nous laisser pénétrer à l’intérieur. Respect pour la maison de Dieu. Il avait raison.


Rue de la Citadelle, Christ dans le coeur

Et là je rentre dans cette église vide, c’était dans la journée, il n’y avait pas de réunion, Marcel me dit: «Tu as eu beaucoup de malheurs», alors j’ai commencé à lui raconter ma vie, mais il m’a coupé.

- Est-ce que tu crois que Jésus est le Christ?
- Bien sur – J’avais beaucoup lu sur ce Jésus. Par rapport à son époque, ce qu’il disait était sans rapport avec la violence d’alors, ils se battaient avec des épées comme des sauvages, mais lui il parlait de paix et d’amour. On aurait du lui donner le prix Nobel de la paix, dix mille fois! Au moins!
- Est-ce que tu crois qu’il est mort en croix?
- Oui!
- Pourquoi est-il venu?
- Pour pardonner les péchés!
- Est-ce que tu te repens de tes péchés?
- Ben oui!
- Veux-tu prier avec moi?

Les portes s’ouvrent On a prié ensemble et en terminant il m’a dit que la paix soit avec toi. Là, j’ai eu une grande sensation de paix, de tranquillité. Je n’avais plus envie de mourir. J’ai pensé que ma chance revenait.

Je suis retourné chez mes amis qui m’hébergeaient et qui avaient dit qu’ils me mettaient à la porte. Pendant mon absence, ils avaient reçu deux coups de téléphone pour moi. Le premier, c’était mon ancien patron qui avait du travail de déménagement à me donner pour un mois. Le deuxième, c’était l’assistante sociale qui me proposait un contrat d’insertion d’un an dans une école, à mi-temps. Cela commençait exactement après la fin de mon travail de déménagement. Du coup, mes amis ont vu que je voulais travailler. Ils m’ont dit «qu’est-ce que tu as comme chance, toi!» et ils m’ont gardé chez eux, jusqu’à ce que je puisse me retourner.

Le soir, je suis retourné à l’église pour la réunion. Le message a touché mon cœur. J’ai dit ce qui m’était arrivé à Marcel. Il m’a dit: «Ce n’est pas de la chance, Dieu a agit».

Progressivement, ma vie s’est remise en ordre. Il m’a fallu du temps. Cela n’a pas été facile. Deux ans après, j’ai pris le baptême après avoir reçu trois fois l’instruction. Il me fallait cela! A la fin je connaissais les réponses par cœur et le Pasteur a dit qu’il fallait vraiment que je sois baptisé au prochain service de baptêmes.

Mon mi-temps tombait bien parce que cela me permettait de travailler à restaurer les locaux de la salle rue de la Citadelle: je n’étais pas livré à moi-même et en même temps, je servais le Seigneur.

Juste après mon baptême, la mairie m’a donné un appartement, alors que ce n’était pas possible avec les listes d’attentes! Le même jour on m’a appelé à un dépôt Croix-Rouge qui déménageait pour savoir si je voulais des meubles. J’ai pris tout ce que je voulais et j’aurais pu prendre encore plus si je le voulais! Sans rien payer!

Maintenant il n’y a rien qui m’étonne de la part du Seigneur!


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