Une mère méthodique

Susanna Wesley, une mère méthodiqueUne semaine près la fête des mères qu'on a un peu zappée, il faut le reconnaître, célébrons une mère, et quelle mère ! Quelle femme de Dieu ! 

Son titre de mère du Méthodisme, vient de ce que, bien qu'elle n'ait jamais prêché, ni publié aucun livre, elle a été la mère de John et Charles Wesley, les bouillants fondateurs du Méthodisme, un mouvement de réveil religieux du 18ème siècle, qui ont été marqués par l'éducation reçue de cette mère exceptionnelle. Aujourd'hui, il y a 50 millions de méthodistes dans le monde. La citation reproduite est la réponse qu'elle fit à son fils John, qui la pressait de lui donner sa propre définition du péché.

Elle-même, dernière fille d'une famille de 25 enfants (oui 25 !, vérifié dans plusieurs sources) et mère de 19 (oui 19, mais 9 sont morts en bas âge), Susanna avait des idées bien arrêtées sur l'éducation des enfants :

  • Les enfants seront enseignés à prier dès qu'ils pourront parler.
  • Les enfants ne recevront pas ce qu'ils demandent en criant, mais seulement quand ils demanderont poliment.
  • Pour prévenir le mensonge, les enfants ne seront pas punis pour ce qu'ils avouent et dont ils se repentent.
  • Les enfants ne seront pas punis deux fois pour la même faute.
  • Tout bon comportement sera félicité et récompensé
  • On fera l'éloge de toute tentative de faire plaisir, même si elle est mal exécutée.
  • Les droits de propriété seront préservés dans les moindres détails
  • Les enfants seront enseignés à craindre le Seigneur.

On remarque que ces principes étaient étonnamment libéraux pour l'époque et surtout qu'ils valorisaient les comportements positifs.

Pas d'école avant 5 ans, mais à partir de 5 ans, 6 heures de leçons par jour, y compris pour les filles, ce qui n'était pas courant au 17ème siècle.

Le lever était à 5 heures (du matin, précision nécessaire pour certain(e)s ...) et toute la journée etait méthodiquement organisée. Ce n'est pas un hasard si plus tard, à l'université la pratique de piété de Charles et de John a été surnommée méthodisme, car elle était portée en germe dans l'éducation qu'ils avaient reçue.

Susanna avait pour principe de passer une heure par semaine en tête à tête avec chacun de ses enfants. Plus tard, elle entretint avec eux une correspondance nourrie.Ces principes lui ont permis d'élever sa famille nombreuse dans des conditions financières très précaires.

À deux occasions, le presbytère a brûlé et la seconde fois, les enfants ont dû être répartis dans des familles d'accueil en attendant sa reconstruction. D'autre part, Samuel, le père, un homme strict et austère fut plusieurs fois éloigné du foyer : deux fois en prison pour dettes, mais aussi en raison de l'incompatibilité avec l'humeur, on va dire, intransigeante de Susanna, qui ne devait pas être commode tous les jours. Leur grosse dispute a concerné son refus de dire amen à la prière de son mari pour le roi, il a quitté le foyer pendant un an ...

Pour pallier le manque de diversité des sujets abordés au culte le dimanche matin par un remplaçant de son mari, alors dépêché à Londres pendant deux ans pour défendre un ami accusé d'hérésie, Susanna organisa le dimanche soir des cultes familiaux, où elle lisait les sermons de son mari et des psaumes. Peu à peu, des voisins demandèrent à se joindre au groupe qui finit par atteindre 200 personnes.

Elle n'a jamais rien publié de son vivant, mais elle écrivit beaucoup de lettres et, pour sa piété personnelle, des commentaires et des méditations. Beaucoup ont été perdus dans les incendies de sa maison. 

Que retenir de cette femme peu commune ? Une vie de prière certainement, mais aussi une vie méthodiquement réglée sur des principes solides, enfin un immense amour pour ses enfants qui lui ont voué à leur tour une affection indéfectible. Aujourd'hui, partout dans le monde, de nombreuses écoles portent le nom de Susanna Wesley.