David Mastriforti

Tel père, tel fils (1)

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En tant que chrétiens, sur quoi nous basons-nous pour avoir des comportements justes ?

En préface aux célèbres 10 commandements nous lisons : “Alors Dieu prononça toutes ces paroles, en disant: Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude.” (Exode 20:1-2 LSG). Avant de nous demander quoi que ce soit, Dieu déclare et son identité et son oeuvre rédemptrice. Alors seulement il poursuit : “Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.” (Exode 20:3 LSG) et suivants. 

Le fondement de nos comportements, ce que nous appelons l'éthique, est fondamentalement théologique, c'est à dire renvoie toujours à la personne même de Dieu, à son caractère et son action. L'éthique ou encore la morale chrétienne repsoe sur deux principes importants : l'imitation et la gratitude. Nous voyons aujourd'hui ce premier principe.

Le principe d'imitation

Un nom qui reflète le caractère de Dieu

De quel Dieu parlons-nous ? En se révélant à Israël, Dieu a été précis : « Je suis l’Eternel, ton Dieu… » Dans les versions françaises, le nom hébreu de Dieu est rendu par l’Eternel ou le Seigneur.  Dans le texte hébreu, ce nom est composé de 4 consonnes, YHWH, le « JE SUIS ». Par respect pour le caractère sacré de ce nom, les Juifs ne prononçaient pas le tétragramme mais lui substituaient pour la lecture à haute voix, le titre Adonaï (Seigneur). Aujourd’hui, on s’accorde plus ou moins pour dire, que l’on pourrait prononcer "Yahvé".

Mais ce qui est important, c’est que "Yahvé" n’est pas un simple patronyme, il exprime le caractère personnel de Dieu. Il n’est pas n’importe quel Dieu, il est Le Dieu vivant et vrai, Le Dieu de l’alliance et des promesses, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Le Dieu de l’Ancien Testament mais aussi, le Dieu de toute la Bible, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ.

Par rapport à cette connaissance de ce Dieu, les peuple devait accorder son comportement au diapason de la nature de son Dieu.

Par exemple, le fait que Dieu venait de libérer Israël de l’esclavage, était signe de son amour, de sa compassion et de sa fidélité à toutes ses promesses. C’est pourquoi les Israélites étaient appelés à reproduire la justice et la miséricorde dans leurs rapports avec les étrangers et les personnes vulnérables vivant parmi eux. Ex 23.9 déclare « Tu n’opprimeras pas l’étranger qui travaille dans ton pays ; vous savez vous–mêmes ce qu’éprouve un étranger, puisque vous l’avez été en Egypte. » De même que je me suis comporté avec vous, de même que je suis amour et compassion, ainsi vous devez vous comporter.

Une sainteté pratique

L'expression la plus succincte et la plus expressive de ce principe d'imitation ou de reflet de Dieu se trouve dans Lévitique 19:1 « Soyez saint car je suis saint, moi l'éternel votre Dieu » Formule que Pierre reprendra plus tard dans son épitre (1Pierre 1:16). 

Que signifiait pour Israël, et donc pour nous aujourd'hui, cette injonction de refléter la sainteté de Dieu ? 

On insiste souvent sur la pureté rituelle et alimentaire des juifs dans le lévitique mais les recommandations qui suivent ce principe de Lev 19.1 montrent une sainteté pratique : 

  • Respect des parents (3)
  • Générosité envers les pauvres (9-10)
  • Justice et honnêteté envers les ouvriers (11-13)
  • Respect d'autrui et défense des plus faibles (comme les personnes porteurs d'handicaps) (14)
  • Intégrité des procédures judiciaires (15) et égalité de tous devant la loi, y compris des étrangers (16, 33-34)
  • Amour du prochain (17-18)
  • Préservation écologique et défense de la surexploitation de la Nature (23-25)
  • Interdiction des pratiques occultes (26-31)
  • Respect des ainés (32)
  • Honnêteté dans les affaires (35-36)

Dans Lévitique 19 revient une petite phrase qui accompagne, comme un leitmotiv, toutes ces recommandations : Je suis l'Eternel, Je suis l'Eternel... elle revient comme si Dieu affirmait que, la qualité de NOTRE vie, devait être le reflet de son cœur, de SON caractère. Jésus fait l'écho de ce principe, quand il parle d'aimer ses ennemis et de ne pas saluer seulement les nôtres, et qu'il conclut : « votre père est parfait, soyez donc parfait comme lui » (Matt 5.48) Tel père, tel fils... Notre Père devient un modèle.

Connaître Dieu, c'est agir comme Lui

Les Israélites étaient appelés à refléter le caractère de Dieu lui-même. C'est pourquoi la connaissance de Dieu occupe une place importante dans la Bible. Il ne s'agit pas seulement de connaître ce que Dieu a fait, ni de connaître ce qu'il a dit, mais de connaître le Seigneur en personne afin de pouvoir vivre à la lumière de cette connaissance. Savoir ce à quoi il accorde de la valeur, ses préoccupations, ses priorités, ses joies, ses colères.
Un fils ne peut suivre les traces de son père que s'il le connait. C'est pourquoi, nous avons une génération perdue, étant sans père, sans repère.

Connaître Dieu, c'est savoir qu'il agit avec justice et droiture mais connaître Dieu, c'est aussi agir soi-même avec justice et droiture. Cela n'a rien à voir avec une pratique de piété, de lire la bible, de prier... faire ces choses, c'est pour connaître Dieu et être et faire comme lui. La mise en pratique de normes éthiques est le reflet direct du caractère du Seigneur lui-même. C'est son code génétique, le même ADN.

Nous retrouvons cela dans le Nouveau Testament : en Matthieu 5:9, ceux qui sont artisans de paix sont identifiés à des « fils de Dieu » et selon Matthieu 5:45, nous sommes « fils du Père » si nous aimons nos ennemis car Dieu aime tous les hommes, il fait lever son soleil sur les bons comme sur les méchants et fait pleuvoir sur les justes comme les injustes. Faire moins, c'est renier notre flilation.

Inversement, ne pas mettre en pratique ses paroles selon Matthieu 7:21-27, prouve que l'on ne connait pas Dieu malgré les actes de piété que l'on peut faire comme faire des miracles ou chasser des démons. Jésus ira même plus loin, par rapport aux religieux. Leurs refus de la vérité, leur cœur dur et haineux démontrent qu'ils ont pour père le diable (Jn 8.44) car il menteur et père du mensonge, meurtriers des le commencement. Tel père, tel fils !

Quatre applications pratiques

Généreux comme notre Père est généreux

Jean 3:16 il a tant aimé qu'il a donné... Jean 3:34 il donne sans mesure... des mesures bien tassées... Jacques 1:17 « Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d'en haut, du Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement ni ombre de variation » -

Ce père qui pourvoit aux besoins avec richesse et grâce cf. Matthieu 6:6, sait de quoi vous avez besoin, Matthieu 6:32 il sait cd dont vous avez besoin. Une réponse financière généreuse vient d'une identification au Père et pas d'une obligation légaliste. Nous donnons à Dieu qui nous a donné, car notre Père est généreux. La générosité veut toujours faire plus ! Elle nous fait passer du minimum au maximum, de la loi à la vie, de l'obligation à l'opportunité. Elle déborde du cœur et pas du chéquier.

Pardonnez comme votre Père

Eph 4.32 déclare de nous faire grâce comme Dieu nous a fait grâce en étant imitateurs du Père comme des enfants bien-aimés (5.1) mais qu'au contraire le non pardon nous attire les tourments et fait obstacles à la grâce de Dieu selon Matt 6.14-15 et 18.35

Impartial comme votre père

Pierre 1:17 le Père qui juge chacun selon ses œuvres sans considération de personne. Faire des différences, du favoritisme, du sentimentalisme, avoir ses chou-chou ou ses têtes de turc, n'est pas dans l'ADN de Dieu. Dieu juge sans considération de personne.

Compatissant comme votre père

Matt 18.12-14 Car ce n'est pas la volonté du père qu'il se perde un seul de ces petits ou soit méprisé et objet de scandale. Il nous parle dans ce passage de Matthieu des enfants, de ceux qui sont fragiles et vulnérables... Je pense aux veuves et aux orphelins. Nous devons nous occuper de ses personnes fragiles car elles sont sur le cœur de Dieu. En prendre soin, dit l'apôtre Jacques, c'est même le signe de la vraie religion (Jacques 1.27)

 

Yahvé voulait qu’Israël soit une nation de frères et sœurs dans laquelle, il n’y aurait pas de pauvres et où le plus faible serait pris en charge. C’est exactement le même plan de Dieu pour son Église aujourd’hui. Nous devrions être pour le monde un modèle de solidarité et d’entraide, alors qu’en tant de crise, chacun se renferme sur lui-même. 

D’ailleurs, c’est ce que la première communauté chrétienne de Jérusalem a essayé de mettre en pratique quand dans Actes 2:44-45, il nous est dit « qu’ils avaient tout en commun… et partageaient leurs biens selon le besoin de chacun » 

Dehors donc l’individualisme, le chacun pour soi nous voulons montrer au monde le modèle d'une société plus juste.C'est notre responsabilité, car notre système de références et de valeurs, c’est Dieu.